Le président brésilien par intérim Michel Temer, le 14 décembre à Brasilia. | ADRIANO MACHADO / REUTERS

L’étau se resserre encore un peu plus autour des politiciens brésiliens corrompus. Le procureur général Rodrigo Janot a ainsi demandé, mardi 14 mars, l’ouverture de 83 nouvelles enquêtes dans le cadre du scandale Petrobras. Cette requête a été envoyée à la Cour suprême (STF), sur la base des confessions explosives de soixante-dix-sept anciens cadres du géant du BTP Odebrecht ayant noué des accords avec la justice en échange de remises de peine.

Le groupe est au cœur du vaste système de versement de pots-de-vin que les plus grandes entreprises du bâtiment du pays avaient monté pour obtenir des marchés surfacturés. Quelque six milliards de réais (près d’1,8 milliard d’euros) de Petrobras ont été détournés, alimentant entre autres les caisses noires de partis politiques et d’élus de tous bords.

En plus des dossiers envoyés au STF, seul habilité à juger les ministres et parlementaires jouissant d’immunité, 211 autres demandes d’enquêtes ont été émises auprès d’autres instances judiciaires.

Les noms des responsables politiques et des autres suspects mentionnés au cours de l’enquête et dans les témoignages n’ont pas été divulgués par le procureur, et restent sous scellé. Rodrigo Janot a toutefois demandé au juge de la Cour suprême Edson Fachin, chargé de l’affaire au début du mois dernier, de lever le secret sur ce dossier afin d’assurer sa transparence, dans l’intérêt public.

Le président Temer mentionné

Le STF doit à présent évaluer s’il y a lieu d’ouvrir les enquêtes demandées par le procureur, qui peuvent aboutir à des mises en examen. Les confessions ont été recueillies par 116 procureurs, pour un total de 950 déclarations, qui ont été filmées. La diffusion de la « liste Janot » a tenu toute la classe politique en haleine pendant plusieurs semaines.

Alors que le géant d’Amérique est plongé dans la pire récession de son histoire, le président brésilien assure concentrer tous ses efforts sur la sortie de crise. Mais la bombe à retardement des confessions d’Odebrecht menace de causer des dégâts considérables sur son entourage.

La vie parlementaire a été rythmée ces derniers jours par des initiatives visant à obtenir l’amnistie de délits liés au financement des campagnes électorales, reléguant au second plan le problème épineux de la réforme des retraites. M. Temer lui-même a été mentionné dans l’enquête, bien qu’il n’ait pas été officiellement mis en cause.

Selon une de ces confessions qui a fuité dans la presse, il aurait demandé à Odebrecht des millions de dollars pour financer les campagnes de sa formation, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre-droit). Le chef de l’Etat nie toute implication et bénéficie de l’immunité présidentielle, mais ces accusations pourraient conduire à l’annulation de son mandat par la justice électorale, qui mène une enquête parallèle.

Il a par ailleurs affirmé récemment que tout ministre qui ferait l’objet d’une enquête serait suspendu mais qu’un renvoi définitif n’interviendrait qu’en cas de mise en examen pour corruption. Depuis que M. Temer est arrivé au pouvoir, six ministres liés à ce scandale ont déjà quitté le navire.