La centrale nucléaire de Chinon, en Indre-etLoire. | GUILLAUME SOUVANT / AFP

Dans l’Hexagone, où la fission de l’atome fournit les trois quarts de l’électricité, une sortie complète du nucléaire, prônée par les candidats de gauche à l’élection présidentielle Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, coûterait 217 milliards d’euros d’ici à 2035. C’est le chiffre choc avancé, lundi 13 mars, par l’Institut Montaigne.

Le think tank libéral, créé par Claude Bébéar, président d’honneur du groupe d’assurances Axa, évalue à 179 milliards l’investissement nécessaire dans des capacités de production alternatives (renouvelables ou gaz), à 13 milliards l’adaptation du réseau et à 25 milliards l’indemnisation d’EDF. Un tel choix, ajoute-t-il, aurait « un coût politique (…) en raison du non-respect des engagements [de réduction des émissions de gaz à effet de serre] pris lors de l’accord de Paris », sans compter « un coût environnemental » et « un risque sur la sécurité d’approvisionnement ».

L’institut n’a toutefois fait le travail qu’à moitié, en ne chiffrant pas le coût de la poursuite du nucléaire. En février 2016, la Cour des comptes a estimé à 100 milliards d’euros le « grand carénage » destiné à prolonger l’exploitation des 58 réacteurs actuels au-delà de 40 ans et leur maintenance jusqu’en 2030.

Il faudrait ensuite construire un nouveau parc : le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, prévoit la mise en service de « trente à quarante » EPR entre 2030 et 2050. Même en divisant par deux – en vertu d’un effet de série – le prix de l’EPR en chantier à Flamanville (Manche), qui coûte 10,5 milliards, la facture d’un tel programme se monte entre 150 et 200 milliards.

S’ajouterait aux frais le démantèlement des futurs réacteurs (EDF chiffre à 60 milliards la déconstruction du parc actuel) et la gestion de leurs déchets radioactifs (25 milliards pour l’enfouissement dans la Meuse de ceux du parc actuel). Au total, persévérer dans le nucléaire coûterait de 335 à 385 milliards d’euros.

Certes, en cas d’abandon de l’atome, il faudrait renouveler les parcs alternatifs. Mais le bilan économique de la sortie ou non du nucléaire reste à dresser.