Quand la gauche touche le Front
Quand la gauche touche le Front
M le magazine du Monde
Le 2 mars, Arnaud Montebourg a reproché à Emmanuel Macron de « faire le programme de l’UMPS ». Avant lui, d’autres politiques de gauche n’ont pas hésité à reprendre un vocable utilisé par l’extrême droite.
Mars 2017 : Montebourg et « l’UMPS »
Arnaud Montebourg. | Capture d’écran Web Europe 1
Sur Europe 1, Arnaud Montebourg utilise, pour qualifier le programme d’Emmanuel Macron, un néologisme popularisé par Marine Le Pen : « Pour moi, il est en train de faire le programme de l’UMPS ! » Soutien de Benoît Hamon, il poursuit : « C’est-à-dire (…) la droite et la gauche ensemble qui décident de poursuivre la politique qui a été (…) menée depuis vingt ans, et qui nous a conduits à 6 millions de chômeurs. »
Janvier 2017 : Boutih et « l’islamo-gauchisme »
Malek Boutih. | Chamussy/Sipa
Venue de son camp, la critique perturbe la campagne d’Hamon. Malek Boutih a en effet accusé son camarade d’être « en résonance avec une frange islamo-gauchiste » après qu’Hamon a commenté l’absence de mixité dans certains bars de banlieues – « dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes ». Invitée sur France 2, Marine Le Pen a repris cette accusation le 9 février.
Juillet 2016 : Mélenchon et « les travailleurs détachés »
Jean-Luc Mélenchon. | Nicolas Messyasz/Sipa
Lors d’une séance à Bruxelles, le candidat « insoumis » a avancé, pour expliquer le Brexit, le cas des étrangers qui piquent leur travail aux locaux : « Je crois que l’Europe qui a été construite, c’est une Europe de la violence sociale, comme nous le voyons dans chaque pays chaque fois qu’arrive un travailleur détaché, qui vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place. »
Février 2015 : Hollande et « les Français de souche »
François Hollande. | Étienne Laurent/AFP
Lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), François Hollande a qualifié de « Français de souche » les adolescents responsables de la profanation d’un cimetière juif dans le Bas-Rhin. Cette expression a beaucoup choqué. Même Marine Le Pen, dont le parti use et abuse pourtant de la formule, a trouvé à y redire, considérant que « quand on devient français, on devient français ».
Septembre 2013 : Valls et « l’intégration des Roms »
Manuel Valls. | Perrogon/Andia.fr
Alors ministre de l’intérieur, Manuel Valls déclarait sur France Inter que seule une minorité de Roms pouvait s’intégrer en France. Ces populations « ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres ». Et de conclure : « Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie. » Jean-Marc Ayrault l’avait alors recadré, affirmant qu’il n’y avait « pas de raison d’exacerber » la question des Roms.