Benoît Hamon, le 12 mars à Fort-de-France. | LIONEL CHAMOISEAU / AFP

Plus d’un mois après sa victoire à la primaire de la gauche, Benoît Hamon présente jeudi 16 mars à 11 heures son programme à la Maison de l’architecture, à Paris. Il en a dévoilé les contours dans une interview au Parisien, jeudi. Le candidat du Parti socialiste, qui a reçu mercredi le soutien des radicaux de gauche, essaye désormais de rassembler sa famille politique en intégrant quelques propositions de ses anciens adversaires à la primaire.

M. Hamon tiendra, par ailleurs, son grand meeting dimanche après-midi à Bercy, la veille du premier débat télévisé qui sera diffusé sur TF1 et LCI.

  • Benoît Hamon conserve les piliers de son programme

Ainsi qu’annoncé la semaine dernière, le revenu universel d’existence, conçu comme une réponse à la raréfaction du travail, apparaît désormais comme une mesure pour soutenir le pouvoir d’achat des 19 millions de Français qui le toucheront : bénéficiaires actuels du RSA, étudiants, indépendants, salariés percevant jusqu’à 1,9 smic.

« Je propose une première étape qui n’est pas un saut dans l’inconnu. Elle est chiffrée (35 milliards d’euros) et s’adresse à tous les travailleurs gagnant entre 0 et 2 800 euros brut », précise M. Hamon dans l’interview du Parisien. « Il n’y aura aucun impôt pour le financer. Je ferai appel à des financements comme une taxe sur les superprofits des banques », poursuit-il. Il compte également réorienter les 10 milliards d’euros de crédits alloués au crédit impôt compétitivité et emploi (CICE), prendre une partie du pacte de responsabilité et s’endetter.

Autre mesure avancée durant la primaire et qu’il conserve : la « taxe sur les robots ». Loin d’empêcher l’innovation, selon M. Hamon, celle-ci viendra abonder un « fonds de transition travail dédié à la formation et au retour vers l’emploi des personnes, dont le travail est désormais effectué par une machine intelligente ».

Il confirme également son intention « d’expérimenter le récépissé du contrôle d’identité », promesse abandonnée par François Hollande. « Rien ne garantit le résultat, bien sûr, mais il faut le tenter, car cela a réussi dans d’autres pays, a-t-il assuré au Parisien. Je compte aussi sur le retour de la police de proximité. »

  • Benoît Hamon s’appuie sur les propositions de Montebourg et Peillon

Pour cette dernière ligne droite de la campagne, Benoît Hamon prône, comme Arnaud Montebourg depuis plusieurs années, le made in France. Dans son interview au Parisien, il assure ne pas exclure des « nationalisations temporaires » en cas de nécessité.

« La question de la nationalisation s’était posée sur Florange ou Alstom… La question est : s’interdit-on une solution qui peut être la bonne pour maintenir l’emploi, les savoir-faire industriels ?, s’interroge-t-il. Je ne m’interdis pas par dogme ou par idéologie d’utiliser tous les instruments qui peuvent être mobilisés pour maintenir la compétitivité de notre industrie et les emplois. »

Il entend également réserver 50 % des marchés publics aux petites et moyennes entreprises françaises. « Une mesure qui fait véritablement de la commande publique un levier à partir duquel nous pourrons stimuler le tissu économique social », a-t-il expliqué au Parisien.

Autre mesure inspirée par M. Montebourg : le renforcement des pouvoirs des salariés dans les entreprises. Ceux-ci représenteront la moitié des membres votants des conseils d’administration des grandes entreprises et des sociétés de taille intermédiaire. Enfin, comme Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, M. Hamon veut par ailleurs « élargir » le droit aux allocations familiales dès le premier enfant.

  • Benoît Hamon critique le choix de Manuel Valls de ne pas le parrainer

Quelques jours avant son grand meeting à Bercy, Benoît Hamon regrette le choix de Manuel Valls de ne pas le parrainer. Selon lui, l’ancien premier ministre « rompt le serment qu’il a pris devant les électeurs », durant la primaire de la gauche.

Le candidat du Parti socialiste a toutefois reçu le soutien de la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem, lors d’un meeting à Nice, mercredi soir. « Oui, tu es, cher Benoît, le candidat de l’emploi et de la valeur travail (…) celui du travail choisi, celui du travail de qualité, celui des salariés bien rémunérés et formés », a-t-elle notamment lancé.

Jeudi matin, sur les ondes de France Inter, Arnaud Montebourg a par ailleurs appelé Jean-Luc Mélenchon à retirer sa candidature « pour nous permettre d’être au deuxième tour. Nous en avons besoin, nous sommes devant le mur de l’histoire. »