« Mon boulot ne consiste pas à représenter le monde. Mon boulot consiste à représenter les Etats-Unis d’Amérique », avait prévenu Donald Trump, au début du mois de mars, devant le Congrès. Le premier budget du président, proposé jeudi 16 mars, concrétise cette ambition.

Ce budget décline en chiffres l’exercice budgétaire 2018, qui commence le 1er octobre 2017. Il sera présenté en détail à midi, heure française. Il n’a aucune chance d’être adopté en l’état par le Congrès. C’est lui, et non la Maison Blanche, qui tient les cordons de la bourse.

Articulé autour du slogan « L’Amérique d’abord », il prévoit une baisse drastique des ressources allouées à l’aide internationale et à la protection de l’environnement afin de compenser une hausse spectaculaire de 54 milliards de dollars de dépenses du Pentagone (50,3 milliards d’euros, soit près de 10 %).

A 3,3 % du PIB, soit près de 600 milliards de dollars (près de 560 milliards d’euros), les dépenses militaires américaines restent de loin les plus importantes du monde : elles sont près de trois fois supérieures à celles de la Chine, deuxième puissance militaire mondiale.

Coupes en diplomatie

Selon Mick Mulvaney, directeur du budget, le document prévoit une baisse de 28 % des ressources du département d’Etat en charge de la diplomatie de la première puissance mondiale. Son budget actuel, qui englobe l’Agence pour le développement international (USAID), s’élève à environ 50 milliards de dollars (environ 46,6 milliards d’euros). Il a résumé :

« Le président a fait campagne en affirmant qu’il dépenserait moins d’argent à l’étranger et plus aux Etats-Unis. »

Cependant, a-t-il assuré, ce budget permettra que « les fonctions diplomatiques essentielles du département d’Etat », qui compte quelque 70 000 employés et 250 ambassades et consulats, soient préservées. Si ce projet aboutissait, le financement de nombreuses agences des Nations unies pourrait être remis en cause.

Coupes en environnement

La puissante Agence de protection de l’environnement (EPA) devrait aussi subir des coupes spectaculaires dans ce projet de budget 2018. Depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump, qui a par le passé mis en doute la réalité du changement climatique, martèle sa volonté de supprimer nombre de réglementations fédérales sur l’environnement qu’il juge inutiles, affirmant qu’elles sont un obstacle aux créations d’emplois.

L’élu démocrate du Kentucky, John Yarmuth, a dénoncé par avance mercredi un budget bâti sur « des coupes drastiques dans nombre de programmes qui protègent les Américains, que ce soit sur l’environnement ou la santé ». « Avec cette administration, il est difficile de dire ce qui relève du bluff complet et ce qu’il faut véritablement prendre au sérieux », a-t-il déploré.

La Maison Blanche a par ailleurs annoncé une légère baisse (1 %) des fonds alloués à l’agence spatiale américaine NASA.

Quid du mur ?

Le document budgétaire, objet d’intenses spéculations depuis plusieurs semaines, devrait aussi inclure les premiers chiffres sur les sommes allouées à court terme à la construction du mur à la frontière avec le Mexique, promesse de campagne emblématique de Donald Trump pour freiner l’afflux de clandestins.

Selon Mick Mulvaney, une somme de 1,5 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros) sera prévue sur l’année 2017 et quelque 2,6 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) pour 2018.

Ce colossal édifice qui devrait mesurer quelque neuf mètres de haut et s’étendre sur des milliers de kilomètres pourrait, selon les estimations, coûter entre 8 et 40 milliards de dollars (7,4 et 37,2 milliards d’euros).

Bataille avec le Congrès

La publication de l’exercice budgétaire ne marque que le début d’une longue bataille avec le Congrès. Si les deux chambres sont contrôlées par les républicains, la majorité et le président ne sont pas, loin s’en faut, à l’unisson.

Tout comme l’élu démocrate John Yarmuth, plusieurs poids lourds républicains du Congrès, eux, ont déjà pris leur distance avec certaines propositions. « L’aide étrangère n’est pas de la charité », a ainsi souligné le sénateur Marco Rubio, estimant qu’elle était cruciale pour la sécurité nationale.