Des manifestants à Bayonne le 17 décembre 2016, après l’arrestation de cinq personnes et la saisie d’armes appartenant à l’ETA, selon la police. | IROZ GAIZKA/AFP

L’organisation séparatiste basque ETA (Pays basque et liberté) a l’intention de se désarmer d’ici au 8 avril. Elle devrait transmettre rapidement des coordonnées de caches d’armes, a annoncé vendredi 17 mars le gouvernement régional basque.

Celui-ci estime crédible la possibilité d’un désarmement final à court terme. « Il demande (…) aux gouvernements espagnol et français de faire preuve de hauteur de vue et de fournir des voies de communication directes », afin d’« atteindre cet objectif à l’importance historique pour notre société », a déclaré le chef du gouvernement régional basque Inigo Urkullu.

« Rien en échange »

Le chef du gouvernement espagnol n’a pas répondu, du moins officiellement, à cette demande. Lors d’un congrès régional de son parti à Madrid, Mariano Rajoy semble même y opposer une fin de non-recevoir :

« L’ETA a décidé, dit-elle, de se désarmer unilatéralement. Qu’elle le fasse, et au passage qu’elle se dissolve. »

M. Rajoy a ajouté que « le gouvernement espagnol appliquera[it] la loi de manière égale pour tous ». Le ministre de l’intérieur espagnol, Juan Ignacio Zoido, a, quant à lui, assuré que Madrid ne participerait pas à une « mise en scène d’une organisation terroriste qui a été vaincue et dont nous n’allons pas oublier le passé ». ETA « a disposé de temps pour se désarmer et elle doit savoir qu’elle n’obtiendra rien en échange », estime-t-il.

Lire l’analyse de notre correspondante en Espagne  : Pour le gouvernement espagnol, pas question de négocier avec l’ETA

L’annonce intervient après des déclarations au quotidien basque Gara de Txetx Etcheverry, militant de l’organisation basque Bizi. Il a déclaré que le désarmement de l’ETA, considérée comme une organisation terroriste par l’Union européenne, devait si possible se produire « avant les élections » présidentielles prévues fin avril en France.

Quarante ans de violence

Le chef du gouvernement basque a prononcé une brève allocution, à 14 heures, confirmant une information du Monde. « Le gouvernement basque a été directement tenu au courant de cette possibilité », a-t-il affirmé, souhaitant un désarmement « définitif, unilatéral, irréversible, complet et légal ».

L’ETA avait annoncé en octobre 2011 renoncer définitivement à la lutte armée, après plus de quarante ans de violence au nom de l’indépendance du Pays basque et de la Navarre. Son dernier attentat a été commis en 2010, en France, portant à 829 morts le bilan attribué à cette organisation.

Lire notre article sur l’imposant arsenal de l’ETA  : Des centaines d’armes et d’explosifs dans la nature

Depuis, elle refusait de se dissoudre et de désarmer, exigeant une négociation avec Paris et Madrid sur le sort de ses quelque 350 membres encore détenus actuellement en Espagne et en France. Madrid et Paris ont toujours refusé. Les forces de l’ordre des deux pays avaient démantelé plusieurs caches d’armes ces derniers mois.