Dans l’immensité de l’Adrar des Ifoghas – l’un des plus gros massifs montagneux du Sahara –, les soldats français progressent difficilement sous un soleil de plomb. La saison sèche est bien installée et les températures avoisinent les 45 °C. C’est là que plus de 450 militaires et 110 véhicules blindés, appuyés par trois hélicoptères, ont poursuivi des actions engagées en décembre 2016 sur la base de « renseignements obtenus par le biais de la population », détaille, à Bamako, le lieutenant-colonel Philippe, porte-parole de la force « Barkhane ». Dans cette partie quasi désertique du Mali, de multiples caches d’armes potentielles sont surveillées régulièrement par les militaires français.

En décembre, des fouilles dans le secteur d’In Tachdaït avaient permis de mettre au jour du matériel lourd, notamment un lance-roquettes multiple monté sur un camion. « C’est une zone propice à la dissimulation, poursuit l’officier, il y a des amas rocheux dans des zones extrêmement arides et difficiles d’accès ». Les soldats du groupement tactique désert Korrigan, basés à Kidal, sont donc repartis du 4 au 12 mars dans le sable et la rocaille, avec notamment des chiens spécialisés dans la détection d’explosifs. A la clé de belles saisies : « Une quarantaine de tubes lance-roquettes, 5 000 cartouches de gros calibre, une demi-douzaine d’obus de mortier ainsi que six fusées de roquettes », précise la force « Barkhane » dans un communiqué, jeudi 16 mars.

Obus et lance-roquettes multiple

Dans le nord du Mali, les djihadistes tentent toujours de contrecarrer les efforts des forces internationales. Quelques jours après le début de l’opération, un engin explosif improvisé (IED) a été découvert sur le parcours régulièrement emprunté par des convois de ravitaillement dans le secteur d’Almoustarat. Une équipe de démineurs a été dépêchée sur place par hélicoptère pour désamorcer la bombe composée de 15 kg d’explosifs.
Depuis quelques mois, plusieurs attaques de ce type ont été déjouées, dans la région de Kidal, souvent grâce à l’aide des populations locales. Ces engins explosifs improvisés, récupérés en l’état, sont de précieux renseignements pour les forces françaises. « Les composants, l’assemblage, tous ces indices permettent de remonter des réseaux de poseurs d’IED », détaille l’officier.

Par « réseau », il faut comprendre de multiples cellules composées des guetteurs chargés d’observer les allers et venues des convois, de poseurs d’engins qui peuvent aussi les déclencher et d’un ou plusieurs artificiers qui sont la colonne vertébrale de cette chaîne. Des sources sécuritaires affirment que les deux attentats terroristes de Gao sont l’œuvre d’un seul et même réseau et d’un seul artificier. L’attaque contre l’aéroport de la ville fin novembre 2016 n’avait pas fait de victimes ; mais le kamikaze qui a fait exploser son véhicule, le 18 janvier, dans l’enceinte d’un camp militaire de Gao a, lui, tué plus de 70 soldats maliens et d’autres hommes en armes issus des groupes rebelles signataires de l’accord de paix d’Alger en 2015.