LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu cette semaine : une exploration de la religiosité dans la peinture, la deuxième édition du Paris Music Festival, le « feel good show » de l’humoriste Claudia Tagbo, « Rock the Casbah » à l’Institut des cultures d’islam de la Ville de Paris, et une adaptation de l’œuvre de Tennessee Williams.

ART. De Monet à Manet, la religiosité dans la peinture, au Musée d’Orsay

Vincent van Gogh, « La Nuit étoilée », 1888 - huile sur toile, 73 x 92 cm. | RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

« Au-delà des étoiles » est une exposition très surprenante. Elle l’est par son sujet et par les rencontres qu’elle suscite entre des artistes que l’on n’a pas l’habitude de faire voisiner, par la qualité des œuvres rassemblées, de Monet et Gauguin à Van Gogh et Munch.

Son propos est d’explorer la religiosité dans la peinture et plus particulièrement dans le paysage. Autrement dit, le spirituel dans l’art, selon le titre du traité publié par Kandinsky en 1911. La thèse est celle-ci : l’une des voies de l’abstraction – peut-être la principale – est celle de la contemplation de la nature et de l’immensité du cosmos, celle d’une relation fusionnelle avec les éléments si complète que l’homme oublie son individualité pour communier avec l’eau, la pierre, l’arbre et le ciel. Le visiteur quittera « Au delà des étoiles » entre stupeur et sidération. Philippe Dagen

Musée d’Orsay, 62, rue de Lille, Paris-7e. Fermé le lundi. jusqu’au 25 juin. Tarif : De 9 à 12 €. Gratuit pour les moins de 18 ans et le premier dimanche du mois.

FESTIVAL. Des lieux parisiens insolites acueillent 80 musiciens

Philippe Cohen Solal, Patrick Bouchitey et Marina Cedro, au programme du deuxième Paris Music Festival. | Paris Music Festival

Parrainée cette année par Mathias Malzieu, chanteur du groupe Dionysos, la deuxième édition du Paris Music Festival accueille, du 16 au 19 mars, plus de 80 artistes, de toutes obédiences musicales (classique, musique contemporaine, jazz, pop, musiques du monde, électro) dans des lieux insolites de la capitale.

Son fondateur, David Godevais, également à l’origine du Disquaire Day, avoue avoir volé l’idée « aux siestes musicales qu’avaient organisées Sébastien Zamora il y a trois ans au Musée de la chasse, avec Bastien Lallemant et JP Nataf ».

Cet établissement apparaît d’ailleurs parmi les nouveaux lieux de cette édition 2017, au même titre que le Musée Guimet (investi par Nosfell), celui d’Orsay, l’église Saint-Eustache, le cinéma Le Louxor, la Bibliothèque Hergé, les Instituts hongrois et néerlandais ou l’Ecole des beaux-arts, où la chanteuse Emily Loizeau présentera les titres de son nouvel album. Le soir, les clubs de jazz parisiens prennent part au rendez-vous. Bruno Lesprit

Paris Music Festival, du 16 au 19 mars. Concerts à 10 €.

HUMOUR. Le rire « feel good » de Claudia Tagbo, à la Gaîté Montparnasse

Claudia Tagbo | Claudia Tagbo

A l’image des « feel good books » et des « feel good movies », l’humour compte lui aussi sa tendance « feel good show ». Des spectacles-remèdes à la déprime, sans humour noir, sans cynisme, sans politique, qui portent le « vivre ensemble » en étendard et s’attachent à rester en empathie avec le public.

Mais encore faut-il, dans cette catégorie, avoir le talent de ne pas tomber dans la mièvrerie et savoir conserver une bonne part d’autodérision. Parmi ceux-ci, le spectacle de Claudia Tagbo. L’humoriste franco-ivoirienne, passée par le Jamel Comedy Club, a intitulé son nouveau seule en scène, présenté au théâtre de la Gaîté Montparnasse à Paris, Lucky.

Un titre, dit-elle, « qui s’est imposé de lui-même après tout ce qu’on a vécu ces derniers temps ». Celle qui se sent « Française dans le ventre, Africaine dans [son] corps, Américaine dans [sa] tête » y parle des femmes, de son père, de la famille nombreuse, d’elle-même aussi et notamment de ses TOC (troubles obsessionnels compulsifs). Une « prêcheuse » de la bienveillance, à l’énergie et au rire communicatifs. Sandrine Blanchard

Théâtre de la Gaîté Montparnasse, 26, rue de la Gaîté, Paris-14e. Jusqu’au 6 mai, du mardi au samedi à 21 heures (matinée les samedis à 16 h 30), puis en tournée. Places à 27 et 37 €.

MUSIQUE. « Rock the Kasbah » à l’Institut des cultures d’islam, à Paris

Nakh removed | Angelica Mesiti/Galerie Allen, Paris

« Rock the Casbah » : en trois mots, l’énergique tube des Clash bondit dans nos têtes. Le groupe britannique l’avait composé en réaction à l’interdiction prononcée par l’ayatollah Khomeini d’écouter du rock en Iran, en 1982. Tout est dit sur le propos de la saison culturelle du même nom à l’Institut des cultures d’islam.

Entre psalmodies, riffs de oud électrique, karaoké franco-arabe, battle de clips, soirée berbère, hammam mix, métal algérien, concerts électro-rock, beatbox, hip-hop ou poésie syrienne sur envolées jazzy, l’établissement culturel de la ville de Paris propose d’explorer et d’interroger la vigueur de la création musicale dans les cultures d’Islam.

Au programme, outre des concerts : une exposition, des films, des documentaires, des débats et des ateliers culinaires et jeune public. L’exposition, qui rassemble des œuvres contemporaines engagées (Adel Abidin, Philippe Chancel, Hiwa K, Katia Kameli, Jompet Kuswidananto, Christian Marclay, Angelica Mesiti, Magdi Mostafa, Sarah Ouhaddou, Siaka Soppo Traoré et James Webb), rend notamment hommage au rôle actif joué par le quartier de Barbès pour la diffusion du raï dans les années 1990. Emmanuelle Jardonnet

« Rock the Kasbah », jusqu’au 30 juillet à l’Institut des cultures d’islam, 56 rue Stephenson, Paris-18e. Ce samedi (sur réservation) : café littéraire autour du roman graphique « Ô Nuit, Ô Mes Yeux », de Lamia Ziadé, qui retrace le destin de grandes chanteuses arabes du XXe siècle devenues les stars du cinéma égyptien (à 11 heures), et ciné-goûter autour du film « Muskin » de la scénariste et actrice originaire de Malaisie Yasmin Ahmad (à partir de 10 ans, à 15 heures).

THÉÂTRE. Stéphane Braunschweig dans la jungle de Tennessee Williams à Paris

Marie Rémond et Glenn Marausse, dans « Soudain l’été dernier », de Tennessee Williams mis en scène par Stéphane Braunschweig. | Thierry Depagne

C’est sur un décor luxuriant et surprenant que s’ouvre Soudain l’été dernier, qui voit Stéphane Braunschweig revenir en grande forme : le nouveau patron de l’Odéon-Théâtre de l’Europe signe sa meilleure mise en scène depuis longtemps en adaptant l’œuvre de Tennessee Williams. Comme dans La Ménagerie de verre, tout l’écrivain américain est là : la mère dévoratrice, la sœur fragile et sacrifiée, l’homosexualité cachée, et surtout ­l’hypersensibilité d’êtres qui ­ vacillent parce qu’ils captent la sauvagerie du monde.

Le spectacle de Stéphane Braunschweig prend le tour d’une plongée dans un inconscient collectif, celui d’un monde blanc et riche, qui a dévoré l’autre, et craint d’être à son tour dévoré par lui. On ne saura jamais si la longue vision de Catherine, extirpant de sa mémoire le récit de la mort de son cousin, est un fantasme ou une réalité. Fabienne Darge

« Soudain l’été dernier », de Tennessee Williams (traduit par Jean-Michel Déprats et Marie-Claire Pasquier, éd. L’Avant-Scène théâtre, 98 pages, 14 €). Mise en scène : Stéphane Braunschweig. Odéon-Théâtre de l’Europe, place de l’Odéon, Paris-6e. Tél. : 01-44-85-40-40. Jusqu’au 14 avril. De 6 à 40 €. Durée : 1 h 35.