• Camille Saint-Saëns
    Concerto pour violoncelle n°1. Sonates pour violoncelle n°2 et n°3

    Emmanuelle Bertrand (violoncelle), Pascal Amoyel (piano), Orchestre symphonique de Lucerne, James Gaffigan (direction).

Pochette de l’album Saint-Saëns d'Emmanuelle Bertrand. | HARMONIA MUNDI

Véritable éponge capable d’absorber tous les styles, procédés des anciens ou trouvailles des contemporains, Camille Saint-Saëns (1835-1921) est aussi en mesure de s’exprimer avec naturel dans tous les registres quel que soit l’instrument dont il se saisit. Si le piano lui permet d’atteindre des sommets dans la polyvalence, le violoncelle n’est pas en reste, surtout quand il est tenu par Emmanuelle Bertrand. Lyrique ou épique dans les mouvements extrêmes d’un concerto (le n°1, animé avec justesse par James Gaffigan à la tête d’un orchestre conquis), il devient chorégraphique dans une partie centrale tout en légèreté. Changement de monde avec les Sonates. La Deuxième est souvent ludique, à l’instar d’un scherzo où la complicité entre Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel est sans égale. La Troisième, inachevée et enregistrée pour la première fois, s’ouvre au non-dit et à l’immatériel. Pierre Gervasoni

1 CD Harmonia Mundi.

  • LAURENT COULONDRE
    Gravity Zero

Pochette de l’album « Gravity Zero », de Laurent Coulondre. | SOUND SURVEYOR MUSIC/L'AUTRE DISTRIBUTION

Claviériste talentueux, dont le jeu véloce, complet, avec un toucher percussif, une impulsion swing, Laurent Coulondre a enregistré sous son nom trois albums en trio et est notamment l’un des membres de l’électrisant Horny Tonky, du trompettiste Nicolas Folmer. C’est avec quatre batteurs différents qu’il propose aujourd’hui un excellent album, Gravity Zero, dans lequel il fait entendre toute une palette d’instruments à clavier. Fender Rhodes, orgue, synthétiseurs, piano acoustique… Chacune des dix compositions est l’occasion de croisements de sons bien pensés, d’ambiances variées. Jazz dans les sources hard bop, fusion (souvenir notamment de Return to Forever de Chick Corea, sans les concours de vitesse), funk, traces de quelques envols du rock progressif. Ses compagnons (réunis sur Sticky Brushing) sont des interprètes de haute qualité : Martin Wangermée (qui fait partie du trio actuel de Coulondre), André Ceccarelli, Yoann Serra et Cyril Atef. Sylvain Siclier

1 CD Sound Surveyor Music/L’Autre Distribution.

  • Duke Ellington
    At The Alhambra

Pochette de l’album « At The Alhambra », de Duke Ellington. | DECCA/UNIVERSAL MUSIC

Commencée au début des années 2000, la collection « Jazz in Paris » réédite des enregistrements réalisés à Paris, principalement dans les années 1950 et 1960, en studio ou lors de concerts. Sans reprendre les pochettes originales mais avec des photographies en noir et blanc de différents lieux de la capitale. Dix disques viennent s’y ajouter, avec notamment Dexter Gordon (Our Man in Paris, 1953), Hank Mobley (The Flip, 1969), le trio Humair, Urtreger, Michelot (Hum !, 1960). Au cœur de cette livraison, un concert de Duke Ellington avec son big band, au Théâtre de L’Alhambra (détruit en 1967), le 29 octobre 1958, publié par la compagnie Pablo en 2002 et épuisé depuis. Sans que l’on sache s’il s’agit du premier ou du deuxième concert donné ce jour-là. En effet, en 2003, un enregistrement annonçant le même lieu et la même date avait été publié par une compagnie allemande Delta Music, avec quelques interprétations que l’on retrouve ici (Take the A’Train, Rockin’in Rhythm, Things Ain’t What They Used to Be…) d’autres qui lui sont propres. Cet At the Alhambra ayant lui aussi son lot de thèmes qui ne doublonnent pas (Tenderly, Juniflip, Frustration…) son acquisition constitue donc un précieux complément. S. Si.

1 CD Decca/Universal Music.

  • Emel
    Ensen

Pochette de l’album « Ensen », d’Emel. | PARTISAN RECORDS/PIAS

Le nom sous lequel elle s’est révélée en 2012 (Emel Mathlouthi), avec l’album Kelmti Horra (Ma parole est libre), se raccourcit désormais au seul prénom. Le propos musical et sonore, lui, en revanche, a grandi. Il s’est densifié d’une sophistication audacieuse. Entourée par une équipe de choc pour les arrangements, programmations et autres samples, dont le Franco-Tunisien Amine Metani (cofondateur du collectif Arabstazy) et l’Islandais Valgeir Sigurðsson (qui a travaillé avec Sigur Rós et Feist), la chanteuse tunisienne, installée depuis trois ans aux Etats-Unis, signe un album convaincant. Sur une électro-pop orientale dans laquelle le son (modifié) d’instruments acoustiques (notamment les percussions d’ Imed Alibi) trouve aussi sa place, elle interprète des chansons (traduites sur le livret) qui « appellent, résume-t-elle, à la désobéissance lorsque l’oppression et les injustices vont trop loin ». Emel était l’une des protagonistes de No Land’s Song, le documentaire de la réalisatrice iranienne Ayat Najafi racontant le combat d’une musicienne pour organiser un concert de femmes en Iran. Patrick Labesse

1 CD Partisan Records/PIAS.

  • Riccardo Chailly
    « Ouvertures, préludes & intermezzi »

    Verdi (I Lombardi), Catalani (La Wally), de Rossini (La Pietra del paragone), Donizetti (Ugo conte di Paragi), Bellini (Norma), Giordano (Siberia), Puccini (Madama Butterfly, Edgar), Ponchielli (La Gioconda), Leoncavallo (Pagliacci, I Medici), Boito (Mefistofele). Avec l’Orchestre philharmonique de La Scala, Riccardo Chailly (direction).

Pochette de l’album de Riccardo Chailly, «Ouvertures, préludes & intermezzi », chez Decca | DR

En enregistrant ce florilège lyrique sans les voix de l’opéra, le chef d’orchestre italien et maestro scaligère, Riccardo Chailly, prouve que sa baguette peut se mesurer aux plus ambitieux plateaux vocaux. Quelques tubes et beaucoup d’œuvres rares – toutes partitions créées à La Scala de Milan –, où le maestro milanais rend compte de son art merveilleux de coloriste, baguette souple et ductile, du théâtre dans chaque note, servi par un orchestre ultrasensible, précis et précieux dans l’éclat comme dans l’intime. Passé maître du crescendo rossinien, ce subtil aménagement dynamique du temps, véritable metteur en scène de la musique, Riccardo Chailly est un magicien qui ose. De Norma à Butterfly, d’I Lombardi à Pagliacci, de La Pietra del paragone à Siberia, c’est l’histoire de l’opéra italien qui s’écrit dans nos oreilles, dans toute sa plénitude séductrice, son charme d’émotion, ses plaisirs et ses drames. Marie-Aude Roux

1 CD Decca