Le 18 mars 2017. Défilé pour la 6eme République de la France insoumise de Jean-Luc Melenchon, candidat à la présidentielle. Le parti affirme que 130 000 personnes ont fait le déplacement. Devant la Bastille deux jeunes militants s'embrassent. | Laurence Geai

14 heures, place de la Bastille, à Paris. La foule se masse sur le bitume, la tête du cortège de la « marche pour une VIe République », organisée par le candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon, sous l’étiquette La France insoumise, se forme petit à petit à l’entrée du Boulevard Beaumarchais. Les camions musique, englués dans la masse de manifestants, avancent au pas. Équipés de mégaphones, les militants dévoués à l’organisation haranguent les « insoumis ». « Je dis Fillon ! vous dites ? - Dégage ! ».

C’est en musique que le cortège s’élance. Au « Chant des partisans » succède un remix électro d’un discours de Jean-Luc Mélenchon créé par le Youtubeur Khaled Freak. Il en faut pour tout le monde car la France Insoumise n’a pas d’âge. En revanche, elle a un visage : celui de Jean-Luc Mélenchon. Un portrait en majesté du tribun orne les camions musique.

Les communistes partagés

Mais certains ne sont pas forcément venus pour le célébrer. C’est le cas de Pascale Brededdine, fonctionnaire territoriale et adhérente PCF Montreuilloise : « Je suis là aujourd’hui parce que je suis pour une VIe République, mais l’attitude de Mélenchon à l’égard du parti m’a vraiment excédée. Je ne suis pas sûre du tout de voter pour lui au premier tour ».

Malgré la consigne donnée de ne pas arborer de drapeaux d’une quelconque organisation politique ou syndicale, les étendards du PCF, de la CGT et des Jeunesses Communistes fleurissent dans le cortège. Franck, facteur dans la cinquantaine et lui aussi militant communiste, arbore fièrement son drapeau PCF : « Cette consigne du « pas de drapeau ! » est très hypocrite, la France Insoumise ce n’est pas une organisation peut-être ? ».

Franck reste cependant nuancé sur le personnage Mélenchon : « C’est un grand tribun, un excellent orateur donc il a bien fait de se présenter. Mais il aurait dû le faire en consultant tout le monde et en le faisant de façon plus démocratique. Il aurait plus de monde derrière lui maintenant s’il l’avait fait ».

Des profils éclectiques

Le cortège défile sur le Boulevard Beaumarchais. Les membres de l’organisation parcourent les rangs pour vendre le programme de Jean-Luc Mélenchon titré : « L’Avenir en commun ». Les manifestants sont équipés de pancartes qui arborent chacune l’une des mesures du candidat.

Le programme, Gérard y croit. Il est venu de Charente-Maritime pour le soutenir. « Je pense qu’il est très cohérent, il y a de quoi convaincre les gens qui s’y intéresseront. Même sur le plan économique c’est sûrement le plus abouti, estime ce cadre supérieur à la retraite. De toute façon on ne peut pas aller vers encore plus de libéralisme ! ».

Dans la foule, on trouve aussi des profils inattendus qui ne viennent pas de la gauche radicale. C’est le cas de Rafi Marichal, 56 ans, qui a voté François Fillon aux deux tours de la primaire de droite : « Je le trouvais bien, tout chez lui me plaisait mais il a abusé du pouvoir de l’argent. Il n’aurait pas dû faire ce qu’il a fait, explique-t-elle. Mélenchon, lui, il est tenace et j’aime ce genre d’esprit. Je voterai pour lui à 100 % ».

Le 18 mars 2017. Défilé pour la 6eme République de la France insoumise de Jean-Luc Melenchon, candidat à la présidentielle. Le parti affirme que 130 000 personnes ont fait le déplacement. Devant l'opéra bastille, des militants se rassemblent. | Laurence Geai

« Ceci est une insurrection populaire »

Sous un ciel de plus en plus menaçant, la marche fait son entrée sur la place de la République vers 16 heures. Sur la scène, dressée à côté de la statue de Marianne et ouverte à 360°, les soutiens à Jean-Luc Mélenchon se succèdent. La foule se répartit peu à peu sur la place ; ils sont nombreux à devoir rester sur le boulevard.

Lucas, 21 ans, étudiant en économie, prend de la hauteur sur un banc pour mieux voir. Il a adhéré à la France Insoumise il y a un an : « Ce qui me plaisait, c’est l’importance de l’écologie dans le programme et la volonté de mettre en place une constituante pour la Ve République ».

Soudain, le tribun vient de faire son entrée, acclamé de toutes parts. Il détaille une heure durant son programme, d’une voix qui ne faiblit pas, surtout au moment d’attaquer les autres candidats. « Ceci est une insurrection populaire contre la monarchie présidentielle ! », s’époumone le leader de la France Insoumise. Selon les organisateurs, il aura été entendu par 130 000 personnes.