Bernard Poignant (ici en novembre 2013 à Rennes), un proche conseiller de François Hollande, rallie Emmanuel Macron. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

La fuite des conseillers élyséens continue. Mais cette fois, elle prend une coloration très politique. L’ancien maire de Quimper, vieux compagnon de route de François Hollande, qui avait un bureau sous les combles du palais depuis 2012, a annoncé mardi 21 mars qu’il voterait pour Emmanuel Macron, dans un communiqué publié par Ouest France. Il explique son choix par sa « fidélité au quinquennat de François Hollande » en assurant qu’il ne pouvait pas «  porter sa voix » sur Benoît Hamon, « un candidat qui a mené une fronde et a voulu censurer donc renverser le gouvernement nommé par le président ».

Dans ce communiqué, M. Poignant ajoute que les engagement de M. Macron sont « plus proches de (ses) convictions » : « Il ne prévoit ni le revenu universel, ni les 32 heures de travail hebdomadaire, ni la légalisation du cannabis, ni le 49.3 citoyen, ni l’abandon de nos engagements européens, ni l’indifférence à nos déficits publics et à la dette, ni l’abrogation de la loi « El Khomri », ni le renoncement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes après une consultation populaire, ni le choix d’une forme de décroissance, etc. ».

« Eviter un face-à-face Le Pen-Fillon »

Le conseiller élyséen rappelle que M. Macron est le seul candidat en lice à avoir voté « oui » au traité européen de 2005. « Je me suis promis de ne jamais porter à la Présidence de la République quelqu’un qui n’avait pas un engagement européen solide, charpenté et régulier », argue encore M. Poignant, qui précise que son choix est «  aussi fait de lucidité » : « Emmanuel Macron est le seul candidat issu des rangs de la gauche qui peut se qualifier pour le second tour de l’élection et éviter un face-à-face Le Pen-Fillon qui risque de devenir un côte à côte dans plusieurs régions de France ».

« Cela fait un moment que je pense à soutenir Emmanuel Macron, confie l’ex-maire de Quimper au Monde. Benoît Hamon défend certaines positions qui ne me conviennent pas, même si je peux être d’accord avec lui sur d’autres. Mais j’ai du mal à voter pour quelqu’un qui a mis son nom sur trois motions de censure du gouvernement. » M. Poignant précise en revanche qu’il soutiendra l’actuel garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas aux législatives, « même si un candidat En Marche ! se présente aussi ».

Ce ralliement, le premier dans l’entourage direct du président, est un symbole fort à 34 jours du premier tour, alors que François Hollande n’a toujours pas dévoilé son propre choix. Ce que le chef de l’Etat ne devrait pas faire avant le premier tour, sauf si la menace d’un deuxième tour entre François Fillon et Marine Le Pen reprenait de la consistance. En revanche, M. Hollande n’exclut pas de soutenir explicitement son ancien conseiller et ministre avant le deuxième tour si celui-ci devait affronter la présidente du FN.

Devoir de réserve

M. Poignant avait évoqué son possible ralliement avec M. Hollande dès février. « Il n’a pas commenté mon choix », confie encore le conseiller élyséen, qui a prévenu le chef de l’Etat lundi qu’il annoncerait son choix le lendemain. Comme le prévoit la règle élyséenne, l’ex-maire de Quimper a donc aussitôt quitté le palais. M. Hollande avait demandé à ses conseillers de ne pas se prononcer pour tel ou tel candidat pendant la campagne ou, à défaut, de quitter la présidence.

« Le président respecte les choix de chacun et les règles sont connues de tous, précise-t-on à l’Elysée. Il veut que la cohérence de son cabinet soit maintenue, qu’il n’y ait pas un débat à ciel ouvert. Un conseiller est tenu à un devoir de réserve. » M. Poignant explique à son tour au Monde qu’il « ne veux pas [son] geste soit interprété ». « Je ne veux pas donner le sentiment que j’engage le président », indique-t-il.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, autre figure du socialisme breton, doit lui aussi rejoindre En marche ! dans le courant de la semaine, selon plusieurs sources de son entourage.