Documentaire sur France 4 à 20 h 50

Parodies musicales 30 ans de succès - bande annonce
Durée : 00:35

Partie intégrante de la ­culture populaire, la parodie musicale est une spécificité française. Et l’exercice qui consiste à reprendre une chanson connue pour en détourner les ­paroles et éventuellement se moquer de son interprète ne date pas des Inconnus, des Guignols ou des Nuls, symboles d’un âge d’or du détournement. C’est en tout cas ce que nous montre ce documentaire qui – images d’archives, témoignages de chanteurs et producteurs à l’appui –, décrit avec un plaisir assez jubilatoire l’histoire de ce genre satirique en France.

Dès 1966, Jean Poiret n’hésite pas à se transformer en chanteur pour détourner et interpréter La Valse à mille temps de Jacques Brel pour en faire Une vache à mille francs. Pas plus que Thierry Le Luron ne sera réticent à livrer au public, en 1984, L’Emmerdant, c’est la rose, parodie du tube de Gilbert Bécaud L’Important, c’est la rose, écrite en deux minutes sur un coin de table par Bernard Mabille. Les textes ne sont pas anodins et décrivent une situation économique peu reluisante. ­« Parodier une chanson célèbre est un procédé politique, publicitaire, parfois personnel », résume le ­critique musical Bertrand Dicale.

Des millions de curieux

Mais c’est à la fin des années 1980 que la parodie musicale française connaît un essor sans précédent. Les détournements des Inconnus ou des Nuls singeant des groupes de new wave, des chanteuses du type Jeanne Mas ou un phénomène marketing comme Partenaire particulier restent encore gravés dans la mémoire collective. A une époque où les chaînes de ­télévision sont beaucoup moins nombreuses qu’aujourd’hui, les Inconnus rassemblent parfois plus de neuf millions de fidèles en début de soirée. Sur France 3, un programme quotidien populaire comme « La Classe » offre à de jeunes humoristes (Pierre Palmade, Michèle Laroque, Anne Roumanoff, Bigeard) l’occasion de se moquer du Top 50 en détournant quelques tubes aux textes stupides. Plus tard, ce sont les Boys Band qui deviendront des cibles recherchées.

Aujourd’hui, Internet et les réseaux sociaux donnent à la parodie musicale une autre dimension. Produite avec peu de moyens et en un temps record, elle peut attirer des millions de curieux. Mais, comme le souligne un intervenant : « Un million de vues sur You Tube ne rapportent que 1 500 euros, à partager entre l’auteur, le réalisateur et éventuellement d’autres acteurs du clip. » Pour qu’une parodie soit rentable, il lui faut donc être diffusée sur tous les supports : le Net, mais aussi la radio et la télévision.

Parodies musicales : 30 ans de succès, de Vincent Dupouy et Anne-Laure Andreutti (France, 2016, 90 min).