Alors que l’état d’urgence est maintenu dans l’Hexagone, les organisateurs de spectacles et de festivals s’alarment : le fonds d’urgence postattentats, mis en place dès novembre 2015, a été totalement utilisé. « Il n’existe aucune garantie sur sa reconduction en 2017 », s’est inquiété, mardi 21 mars, François Missonier, fondateur du festival Rock en Seine, lors d’une conférence de l’organisation patronale Prodiss, qui représente en France près de 70 % des entreprises de spectacles musicaux et de variétés. Cette aide de l’Etat, de la Ville de Paris, du Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV) et de différentes sociétés de gestion de droits avait été, in fine, abondée de 14 millions d’euros pour renforcer les mesures de sécurité à l’entrée des salles de concerts ou de théâtre.

Les spectateurs sont revenus dans la seconde moitié de l’année

« Si l’impact des attentats s’est fait sentir de manière très violente sur la fréquentation en salles jusqu’en juin 2016, les spectateurs sont revenus au cours de la seconde moitié de l’année », a affirmé le président du Prodiss, Luc Gaurichon. En juin 2016, l’organisation patronale avait estimé le coût de la perte de fréquentation à entre 100 et 130 millions d’euros et les surcoûts sécuritaires à 90 millions d’euros pour la filière.

Bien que les chiffres de fréquentation 2016 ne soient pas encore publiés, un indice important – la perception de la taxe fiscale sur les billets de concerts, qui a atteint l’an dernier un record de 33 millions d’euros, notamment grâce à la réouverture de l’AccorHotels Arena (Bercy) à Paris – permet déjà de constater que les spectateurs ont retrouvé le chemin des salles.

Selon Jérôme Langlet, président de Lagardère Live Entertainment (les Folies Bergères, le Bataclan, le Casino de Paris, le Zénith de Paris), « la fréquentation avait baissé de 15 % à 20 % en 2016, surtout pour les spectacles destinés aux enfants ». Mais « le public est revenu immédiatement au Bataclan dès que nous avons rouvert la salle ». Les Choristes, aux Folies Bergère, font salle comble, tout comme Priscilla, folle du désert, au Casino de Paris, affirme-t-il.

Les salles qui ont rouvert en 2016 ne désemplissent pas

Les nouvelles salles relancées en 2016, comme Pleyel (Fimalac) ou l’Elysée-Montmartre, ne désemplissent pas. « A Pleyel, la fréquentation est supérieure à nos attentes », assure Marc Ladreit de Lacharrière, le PDG de Fimalac, qui se félicite des bons résultats des Zénith en province, à l’exception de celui de Nice. « Le désir de spectacle vivant reste toujours fort », souligne-t-il. Seul bémol, ses quatre comédies musicales (Les Trois Mousquetaires, Résiste…), d’un coût de production très élevé, et confrontées l’an dernier à une concurrence particulièrement fournie, n’ont pas marché. « Aucune n’a été rentable », concède-t-il.

« Notre activité est très liée à la qualité des spectacles », rappelle Jean-Marc Dumontet, à la tête de quatre salles parisiennes (Bobino, Théâtre Antoine, Le Point-Virgule et Le Grand Point-Virgule). « La dynamique a clairement repris pour les spectacles forts », constate-t-il. En témoigne, par exemple, Edmond, au Palais-Royal, joué à guichets fermés.

Selon Bernard Murat, président des Théâtres parisiens associés (qui regroupent 70 salles privées), la fréquentation avait chuté de 35 % jusqu’en avril 2016 avant de rebondir pour combler son retard et enregistrer une hausse de 2,5 % sur les neuf premiers mois de l’année. « La donne change : le public réserve souvent le matin pour le soir et un extrait de pièce sur YouTube peut faire venir du monde », prévient-il.