Photo non datée diffusée par l’agence officielle nord-coréenne KCNA, le 21 juillet 2016. | © KCNA KCNA / Reuters / REUTERS

La Corée du Nord a procédé, mercredi 22 mars, à un nouveau tir de missile, qui, cette fois, s’est conclu par un échec. Selon l’armée américaine, le missile a explosé quelques secondes après son lancement depuis la base aérienne proche de la ville de Wonsan, sur la côte orientale.

Ce tir raté intervient dans un contexte tendu sur la péninsule. Les Etats-Unis et la Corée du Sud organisent depuis le début du mois de mars et jusqu’à la fin avril un exercice militaire annuel baptisé « Foal Eagle », impliquant un porte-avions, l’USS-Carl-Vinson – bâtiment depuis lequel le corps d’Oussama Ben Laden fut jeté à la mer – ainsi que des destroyers américains, sud-coréens et japonais dotés de systèmes d’interception de missiles dernier cri.

En réponse à l’essai de missile nord-coréen de mercredi matin, un bombardier stratégique B-1B a survolé le sud de la péninsule entouré de chasseurs sud-coréens.

Rhétorique intransigeante

La République populaire démocratique de Corée voit ces manoeuvres comme une menace directe à sa sécurité. Elle a ses raisons puisqu’un gradé de l’armée sud-coréenne se félicitait le 13 mars du nombre croissant d’agents américains des forces spéciales impliqués et du thème des exercices : « Infiltrer le Nord, éliminer le commandement de guerre du Nord et démolir ses installations militaires-clés. »

Les Etats-Unis et la Corée du Sud organisent depuis le début du mois de mars et jusqu’à la fin avril un exercice militaire annuel baptisé « Foal Eagle », impliquant un porte-avions, l’USS-Carl-Vinson | AP

Sur le ton qui la caractérise, l’agence officielle nord-coréenne KCNA avait menacé le 5 mars : « S’ils empiètent sur la souveraineté ou la dignité de la République populaire démocratique de Corée [RPDC] ne serait-ce qu’un peu, son armée lancera impitoyablement des frappes de haute précision du sol, de l’air, de la mer et sous l’eau. »

La Corée du Nord a tiré une vingtaine de missiles au cours de l’année 2016. Ces lancements avaient cessé en octobre 2016, deux semaines avant l’élection présidentielle américaine et alors que la Corée du Sud était en proie à une crise politique : la présidente conservatrice et particulièrement dure sur la question nord-coréenne, Park Geun-hye, suspectée de trafic d’influence, allait être destituée. Un démocrate partisan d’un rapprochement par petits pas économiques et culturels entre les deux frères ennemis pourrait lui succéder à l’issue du scrutin anticipé, qui se tiendra le 9 mai.

Depuis, la nouvelle diplomatie américaine a adopté une rhétorique intransigeante vis-à-vis de la Corée du Nord, alors qu’en campagne, Donald Trump avait suggéré à propos du dirigeant Kim Jong-un : « Il faudrait manger des hamburgers [ensemble] autour d’une table de conférence. »

« La politique de patience stratégique est terminée, a lancé le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, à Séoul, vendredi 17 mars. S’ils élèvent la menace de leur programme d’armement à un niveau qui nécessite à nos yeux une action, alors cette option sera sur la table. »

Pyongyang a repris ses tirs en février en lançant un missile de portée intermédiaire : il a parcouru 500 kilomètres vers l’est avant de s’abîmer en mer. Le 6 mars, la RPDC a de nouveau lancé quatre missiles, dont trois sont tombés dans les eaux qui constituent la zone économique exclusive (200 milles) du Japon.

Missile balistique intercontinental

Depuis qu’il a succédé en 2011 à son père, Kim Jong-un s’est attaché à développer l’arsenal de son pays. Il entend se doter d’une force de dissuasion crédible. Sous sa main, le pays a réalisé trois essais nucléaires, dont deux au cours de la seule année 2016. Les experts soulignent toutefois que la RPDC est confrontée à certaines difficultés techniques, notamment dans la miniaturisation, qui doit permettre de monter des têtes nucléaires sur des missiles.

Ces derniers constituent l’autre ambition majeure de Kim Jong-un. Si le pays dispose de longue date de vecteurs lui permettant de frapper le sol sud-coréen, notamment la capitale Séoul, située à une soixantaine de kilomètres à peine de la zone démilitarisée qui divise la péninsule, il cherche aujourd’hui à développer un missile balistique intercontinental.

C’est en ce sens qu’il faut lire les plus récentes annonces nord-coréennes. Alors que le chef de la diplomatie américaine achevait à Pékin sa tournée en Asie dimanche, Pyongyang a dit avoir testé un nouveau propulseur « de forte puissance », sous les yeux du dirigeant nord-coréen, qualifiant ce test de « nouvelle naissance » pour le programme balistique du pays.

La Corée du Nord teste un nouveau moteur de fusée sous les yeux de son leader
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