François Hollande et la ministre de la culture et de la communication, Audrey Azoulay à la Villa Noailles (Var), le 18 mars 2017. | JEAN-PAUL PELISSIER/AFP

Rendez-vous réputé parmi les créateurs de mode et de design, la Villa Noailles à Hyères (Var) est aussi l’un des rares lieux institutionnels, hors Paris, où l’architecture a droit de cité. Dernière manifestation en date : l’exposition « La boîte de nuit » qui revenait sur la genèse de ces lieux de divertissement nés en Italie dans l’émulation créative du milieu des années 1960. Conçue en 1923 par Robert Mallet Stevens (1886-1945), la demeure, incarnation des premiers souffles du modernisme architectural, a été, samedi 18 mars, officiellement labellisée Centre d’art d’intérêt national par François Hollande.

Déjà en vigueur pour les lieux de spectacles, ce statut, issu de la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, s’applique pour la première fois à une institution liée aux arts plastiques. « C’est une grande avancée du point de vue administratif, artistique et financier, explique le directeur de la Villa Noailles, Jean-Pierre Blanc. C’est le signe d’une reconnaissance officielle, l’assurance d’un financement complémentaire et la sécurisation de notre existence. » Après avoir créé en 1986, dans différents endroits de la ville, le festival international de mode et de photographie, cet enfant du pays aujourd’hui quinquagénaire a fondé et dirigé à partir de 2003 ce qui est devenu l’une des plus importantes institutions culturelles de la région.

Scrapbooks

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la Villa Noailles peut aussi espérer s’agrandir. « Cette jolie histoire est née d’un drame », indique son directeur. Le récent incendie de la Villa Gandarillas toute voisine, qui abritait un atelier de prototypage pour la mode et le design géré par la Villa de Noailles, a obligé de déplacer cette activité dans les quelques espaces demeurés vacants de l’ancienne demeure des mécènes Henri Vicomte de Noailles et sa femme Marie-Laure. « Les tutelles [l’agglomération, la ville, le département, la région et l’Etat] se sont préoccupées de savoir comment faire sans ce bâtiment », précise Jean-Pierre Blanc.

Du coup, le projet d’un centre patrimonial autour de la mode, pour l’heure dans les cartons, mais évoqué par François Hollande, ne pouvait se développer qu’à l’extérieur du site classé à l’inventaire des monuments historiques. Objectif de l’extension: regrouper les collections de vêtements présentées lors des éditions du festival de la mode, la donation de Christian Astuguevieille, créateur de bijoux et directeur artistique des parfums du label de mode japonais Comme des Garçons ainsi qu’une partie des archives de Marie-Laure de Noailles, dont les scrapbooks (collages) qu’elle a réalisés dans les années 1950. Le lieu pressenti : une villa posée dans l’un des quartiers résidentiels de la ville.