Le naufrage de deux canots gonflables, qui ont été repêchés jeudi 23 mars en Méditerranée, a causé la mort d’environ 250 migrants, avance l’ONG espagnole Pro-Activa Open Arms, qui a récupéré cinq corps à une quinzaine de milles des côtes libyennes.

Ce type d’embarcations transporte en général 120 à 140 migrants chacune, a déclaré une porte-parole de l’ONG, Laura Lanuza :

« Nous pensons que la seule explication [à ces naufrages] est que les canots étaient pleins de gens. (…) Depuis plus d’un an, nous n’avons jamais vu aucun de ces canots qui ne soit rempli à ras bord. »

Selon la porte-parole, les cadavres repêchés étaient ceux d’Africains âgés de 16 à 25 ans environ, qui se sont apparemment noyés vingt-quatre heures avant d’être découverts, jeudi matin peu après le lever du jour, au nord du port libyen de Sabrata.

Accélération des départs

Malgré les dures conditions hivernales en mer, les départs de migrants de Libye à bord d’embarcations de passeurs se sont accélérés ces derniers mois. Plus de 5 000 personnes ont été récupérées par des bateaux de sauvetage depuis dimanche, portant à plus de 21 000 le nombre de migrants emmenés en Italie cette année.

Selon les ONG, cette accélération des départs serait due à la dégradation des conditions de vie des migrants en Libye et à leur crainte d’une prochaine fermeture aux passeurs des routes maritimes vers l’Europe.

Avant cette dernière tragédie, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait estimé à 440 le nombre de migrants morts en tentant de gagner l’Italie à partir de la Libye depuis le début de 2017. Ce chiffre, en forte hausse par rapport aux années précédentes, est basé sur le nombre de corps retrouvés et sur les témoignages de survivants de naufrages.

Tentative d’accord avec la Libye

Dans ce contexte, Rome a renforcé sa coopération avec Tripoli dans le but de décourager les départs de bateau en s’assurant que les gardes-côtes libyens les ramènent vers les côtes avant qu’ils n’atteignent les eaux internationales.

Cette coopération prévoit, outre l’équipement et la formation des gardes-côtes libyens, l’amélioration des camps où l’ex-colonie libyenne retient les migrants avant de les renvoyer vers leur pays d’origine.

Cette stratégie a suscité l’inquiétude d’organisations de défense des droits humains, qui ont dénoncé les conditions dangereuses et misérables de ces camps, tout en soulignant l’état instable du pays.