Les candidats à l’élection présidentielle ne sont pas égaux, loin s’en faut, dans le domaine des livres. Ni en termes de ventes ni en termes de droits. Neuf des onze prétendants à l’Elysée ont écrit eux-mêmes au moins un ouvrage ou ont fait l’objet d’au moins un livre paru en librairie. A cette aune, Nathalie Arthaud et François Asselineau sont les grands absents de ce palmarès dressé par Livre Hebdo.

  • Qui écrit le plus ?

Ce magazine spécialisé a comptabilisé quatorze ouvrages rédigés par Jean-Luc Mélenchon depuis 1991, ce qui en fait, de loin, le candidat le plus prolifique en nombre de livres écrits. Il dépasse Nicolas Dupont-Aignan (onze ouvrages) et Jacques Cheminade (cinq). Benoît Hamon et Jean Lassalle arrivent ex aequo avec quatre livres, devant François Fillon (trois), Emmanuel Macron et Marine Le Pen (deux) et Philippe Poutou (un).

Les candidats inspirent largement d’autres auteurs, pour les critiquer, les louer ou décrypter les systèmes qu’ils mettent en place. Sur la même période, Marine Le Pen arrive de très loin en tête des ouvrages qui lui ont été consacrés – trente-deux au total, dont La Vraie Marine Le Pen, une bobo chez les fachos, par Renaud Dely (Plon), Marine est au courant de tout, par Mathias Destal et Marine Turchi (Flammarion), etc.

Emmanuel Macron arrive en deuxième position, en ayant inspiré sept livres dont Les Macron, de Caroline Derrien et Candice Nedelec (Fayard) ou Emmanuel Macron en marche vers l’Elysée, par Nicolas Prissette (Plon). François Fillon le talonne avec six livres dont Les Coulisses d’une ascension, par Christine Kelly (L’Archipel), ou Je ne suis pas un saint, par Julien Rebucci (La Tanga). Jean-Luc Mélenchon a enfin déclenché l’édition de cinq ouvrages.

A noter parmi tous les candidats qui ont pris la plume, un seul, Emmanuel Macron a vu un ouvrage paraître sur lui avant même qu’il n’en signe un.

  • Leurs droits d’auteurs

Le candidat d’En marche ! est le seul à avoir rendu public le montant du dernier à-valoir que lui a accordé son éditeur, XO (Editis), soit 247 000 euros pour Révolution, paru en novembre. Cette révélation fait partie des déclarations de patrimoine auxquelles les candidats ont dû répondre.

Spécialiste de la publication des ouvrages d’hommes ou femmes politiques, Muriel Beyer, qui a rejoint les Editions de l’Observatoire après être restée longtemps aux commandes chez Plon, juge « assez élevé » cet à-valoir. Elle assure que François Bayrou – dont elle s’est occupée aux éditions de l’Observatoire – pour la sortie de Résolution française, début février, « ne touche pas d’avances de droits d’auteur ». Elle se refuse toutefois à donner le pourcentage de droits que touche le leader du MoDem sur la vente de chacun de ses ouvrages.

S’exprimant toujours sur l’un de ses auteurs maison, Mme Beyer explique qu’« habituellement Jean-Luc Mélenchon ne prend pas non plus d’à-valoir. Sauf pour son dernier ouvrage, De la vertu, qui a été coécrit avec Cécile Amar ». Cette avance est « très raisonnable », selon cette éditrice, et les droits sont versés à 50/50 entre Mme Amar et M. Mélenchon. Ce dernier, poursuit-elle, « reverse l’intégralité du fruit de ses droits à son parti ».

« Les hommes politiques ne sont pas les plus gourmands en termes de droits d’auteur, affirme Mme Beyer. Ils n’ont pas envie que ce montant soit divulgué et sont donc souvent très raisonnables. Plus que les people ou les gros auteurs à succès. » Elle assure que « les deux derniers ouvrages de Nicolas Sarkozy n’atteignaient pas, en droits d’auteur, la somme déclarée par Emmanuel Macron pour Révolution ».

Pour mémoire, les droits les plus élevés jamais signés entre un éditeur et un homme politique sont ceux récemment accordés à Barack Obama et à son épouse Michelle : 60 millions de dollars de droits mondiaux payés par Penguin Random House. En France, Fayard (Hachette) en a obtenu l’exclusivité.

  • Les hommes politiques font-ils vendre ?

Depuis le début du quinquennat de François Hollande, en 2012, L’Avenir en commun (Seuil) de Jean-Luc Mélenchon arrivait en tête des ventes avec 158 507 exemplaires, selon les estimations de GFK, mercredi 22 mars. Viennent ensuite Révolution, d’Emmanuel Macron (XO) avec 126 325 exemplaires, puis Faire, de François Fillon (Albin Michel) avec 125 074 exemplaires.

Deux autres ouvrages publiés très récemment pourraient changer cette donne : Pour la génération qui vient, de Benoît Hamon (Les Equateurs), sorti le 10 mars, et De la vertu, de Jean-Luc Mélenchon, le 22 mars (Ed. e l’Observatoire). Le titre a été définitivement choisi voici à peine trois semaines, alors que François Fillon était déjà largement dans le collimateur de la justice.

Sur une période plus longue, depuis 2003 et tous titres confondus jusqu’à mi-mars 2017, Nicolas Sarkozy arrivait, selon GFK largement en tête des meilleures ventes avec 658 000 exemplaires, suivi par Jacques Chirac (505 000 exemplaires) et Jean-Luc Mélenchon (457 000 exemplaires).