L’Assemblée nationale du Bénin se réunira, vendredi 24 mars, en session extraordinaire pour statuer sur le projet de révision de la Constitution, qui prévoit notamment un mandat présidentiel unique, a annoncé le président de la République jeudi soir.

S’adressant à la nation dans un discours télévisé, le président Patrice Talon a dit s’appuyer sur la Constitution pour saisir « l’Assemblée nationale pour son examen en session extraordinaire ».

Le nouveau projet de Constitution – l’un des arguments de campagne de Patrice Talon – prévoit « une discrimination positive en faveur des femmes » dans le monde politique, un financement public des partis, mais également la mise en place d’un « mandat présidentiel unique », une mesure historique sur le continent africain qui suscite la controverse.

Si ses partisans y voient le moyen de ne pas être soumis à la pression des électeurs pendant son mandat, et donc de ne pas recommencer une campagne dès son élection, d’autres estiment que le risque est que « le chef de l’Etat n’aura de comptes à rendre à personne », selon un député de l’opposition.

« Les débats actuels font monter (…) les appréhensions et les inquiétudes de chacun. Je les entends et les comprends parfaitement, a tranché le chef de l’Etat. Pour autant, faut-il se satisfaire de l’apparente stabilité du moment et renoncer à une consolidation durable de nos institutions et de notre Etat ? »

Fort soutien parlementaire

Toute modification de la Constitution doit être approuvée soit par référendum, soit par un vote des quatre cinquièmes de l’Assemblée.

Le président souhaite profiter de son fort soutien parlementaire, moins d’un an après son arrivée au pouvoir : en décembre 2016, les 83 députés béninois avaient adopté à l’unanimité le budget 2017.

Critiqué sur le choix de proposer un texte au Parlement, sans que celui-ci n’ait été rendu public, M. Talon a estimé avoir fait preuve d’ouverture en établissant une « commission (de révision), où ont siégé les diverses sensibilités politiques, les sommités universitaires, les forces sociales et morales de notre pays ».

Peu avant le message du président, une délégation du Front pour le sursaut patriotique, un mouvement politique opposé à la modification de la Constitution, a rencontré des élus. Une source proche du mouvement a confié à l’AFP que les militants passeraient la nuit devant l’Assemblée nationale pour contraindre le Parlement à faire obstacle à ce projet. Ils restent toutefois peu nombreux.