Les deux derniers clips des Six Bomb montrant leur passage par la chirurgie esthétique ont suscité la controverse, y compris au sein d’un pays où près de 60 % des femmes s’y soumettent avant 30 ans. | Yelim Lee/AFP

Certains n’hésitent pas, dans le monde merveilleux de la K-pop, à faire du marketing à la truelle. D’autres préfèrent manifestement le bistouri. Le groupe de pop sud-coréenne Six Bomb défraie ainsi la chronique à Séoul depuis qu’il s’est engouffré dans l’une des plaies ouvertes de la société : la chirurgie esthétique.

Les quatre filles de cette formation musicale, dont la carrière peinait à décoller, n’y sont pas allées de main morte. Elles ont décidé de mettre en scène leur changement de physionomie dans deux titres, accompagnés de deux clips. Le premier, sorti début février, est intitulé « Devenir plus jolie (Avant) ». Le second, dévoilé le 15 mars, s’appelle « Devenir plus jolie (Après) »). On voit dans ces films les jeunes femmes se maquiller mais également danser dans un cabinet de chirurgie ou couvertes de bandages, passer sous l’appareillage ad hoc, écouter les conseils d’un professionnel.

« Nous voulions toutes faire de la chirurgie esthétique pour être plus belles. » Da In, du groupe Six Bomb

Ces vidéos restent aseptisées, bien sûr, comme le veulent les usages du monde ultracontrôlé de la K-pop. Mais le propos est cru. Leur manageur, Kim Il-woong, a fièrement expliqué que 100 millions de wons (près de 83 000 euros) ont été dépensés pour l’ensemble des opérations des filles du groupe. IW Company, la société de production, se défend d’avoir forcé ses starlettes à se soumettre au diktat du scalpel. « Ce sont elles qui ont eu l’idée et nous avons conclu un accord. » « Nous voulions toutes faire de la chirurgie esthétique pour être plus belles », souligne la leader du groupe Da In. « Seule, j’aurais peut-être eu du mal à franchir le pas, admet Ga Bin, une autre membre. Mais j’étais avec le groupe, alors ça a été. »

60 % des Sud-Coréennes recourent à la chirurgie

Visage ovalisé, yeux arrondis ou encore nez plus droits et implants mammaires, les transformations sont spectaculaires, promouvant le savoir-faire d’une industrie locale qui attire des clients du monde entier, parfois même des fans de K-pop désireux de ressembler à leurs idoles, dont bon nombre ont recours à de tels « ajustements » tout en préférant les cacher.

Ainsi, 1,3 million d’opérations seraient réalisées chaque année en Corée du Sud, notamment dans les quelque 500 cliniques proches du quartier animé de Gangnam, à Séoul. Les publicités « Avant/Après » sont nombreuses dans le métro. Des émissions de télévision sont consacrées à ces transformations, parfois cadeau de parents à leur enfant. Près de 60 % des Sud-Coréennes approchant la trentaine auraient subi une opération de chirurgie esthétique. Un passage quasi obligé pour « survivre socialement » et notamment trouver un travail, estime Jung Seul-ah, de l’ONG spécialisée dans les questions de genres Women’s Link, qui regrette que la culture de la chirurgie esthétique « soit devenue une nécessité absolue pour des célébrités dont l’apparence est sacralisée, consommée et exploitée commercialement ».

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