• Eric Legnini
    Waxx Up

Pochette de l’album « Waxx Up », d’Eric Legnini. | ANTEPRIMA/MUSICAST

Le pianiste belge Eric Legnini, homme de swing dans son travail dans le jazz hard bop, voue une passion tout aussi créative à la soul et au funk classique des années 1960 et 1970. La combinaison jazz et soul-funk avait donné des disques comme Miss Soul (Label bleu, 2005) et Big Boogaloo (Label bleu, 2007) ou Trippin’ (BFlat, 2009), dans une approche plutôt acoustique. Plus récemment, Sing Twice ! (Discograph, 2013) avait fait entendre l’intérêt de Legnini pour des voix, de femmes et d’hommes. Avec Waxx Up, ce propos s’intensifie, et si la référence musicale, et le meilleur du disque, restent dans ces couleurs soul-funk (en particulier avec Michelle Willis), quelques ambiances pop (The Sun Will Dance avec Hugh Coltman) ou électro-planantes (Despair avec Yael Naïm) sont explorées. La pulsion rythmique a pour maîtres d’œuvre le bassiste Daniel Romeo et le batteur Franck Agulhon, tandis que Legnini joue par petites touches et riffs en retrait. Le choix de l’expressivité musicienne plutôt que du débordement. S. Si.

1 CD Anteprima/Musicast.

  • Pink Floyd
    The Early Years 1965-1972 : The Individual Volumes

Le coffret « The Early Years : 1971 Reverber/Ation », l’un des six consacrés aux premières années du groupe Pink Floyd, entre 1965 et 1972. | PINK FLOYD RECORDS-PARLOPHONE/WARNER MUSIC

En novembre 2016, les amateurs du groupe Pink Floyd avaient eu de quoi assouvir leur passion avec la publication d’un imposant coffret, The Early Years 1965-1972 en 10 CD, 9 DVD, 8 Blu-ray, 5 singles 45-tours et quantité de reproductions de documents sur le groupe. Au programme, des enregistrements de studios et de concerts, films, reportages pour la télévision, pour la plupart rares et inédits. A chacune des premières années du groupe britannique était consacré un volume spécifique au format d’un livre, 1965-67, 1968, 1969… Les voici proposés individuellement, à l’exception d’un recueil qui restera exclusif au coffret, permettant de n’acquérir que telle ou telle période (celle avec Syd Barrett, celle du temps des longues improvisations en 1969-1970, celle du grand œuvre Meddle, etc.). S. Si.

6 coffrets de 1 ou 2 CD, 1 ou 2 DVD et 1 Blu-Ray Pink Floyd Records-Parlophone/Warner Music.

  • Archives du Festival de Nohant
    Œuvres de Beethoven, Schubert, Chopin, Debussy, Prokofiev. Avec Youri Egorov, Sergueï Redkin, Szczepan Konczal (piano)

Pochette de l’album « Les archives de Nohant vol.2 ». | Soupir Edition

A l’occasion de son jubilé en 2016, le Festival de Nohant, dans l’Indre, a eu l’heureuse initiative d’entreprendre la diffusion de ses cinquante ans d’archives, remastérisées sous le label Soupir Edition : des volumes de deux disques, l’un dédié à un grand nom disparu, l’autre à de jeunes artistes parrainés post mortem. Seconde parution après le dernier récital du « fondateur » du festival, Aldo Ciccolini (juin 2014), le concert donné en 1982 par le génial Youri Egorov, mort à 33 ans. Une Sonate n° 19 en ut mineur D.958 de Schubert dont l’énergie désespérée laisse pantois, après l’Andante favori de Beethoven avec lequel le pianiste kazakh ouvrait fréquemment ses récitals. Les douze Etudes op. 10 de Chopin semblent témoigner d’un sentiment d’urgence : Egorov pressent-il le sida qui l’emportera en 1988 ? Purs vertiges encore que le Debussy des Reflets dans l’eau (Livre I des Images) et des flamboyants Feux d’artifice (Livre II des Préludes). Moins passionnant, le second disque qui propose une Sonate n° 8 op. 84 de Prokofiev par Sergueï Redkin, les Chopin de Szczepan Konczal, trois fois lauréat du concours homonyme, révélant toutefois une vraie nature de musicien. Marie-Aude Roux

2 CD Soupir Edition

  • Inna de Yard
    The Soul of Jamaïca

Pochette de l’album de Inna de Yard, « The Soul of Jamaïca » | DR

En Jamaïque, les chanteurs et les musiciens ont l’habitude se réunir dans les cours (yard en anglais) pour jammer. Les Wailers ont créé beaucoup de leurs chansons ainsi dans les années 1960 et 1970. Dans les années 2000, un jeune label français, Makasound, publie une dizaine d’albums enregistrés dans ces cours avec les anciens du reggae roots, notamment dans celle du guitariste Earl Chinna Smith. Depuis peu, d’autres artistes ont repris le flambeau comme la chanteuse Etana qui se filme pour YouTube chantant a cappella dans la rue, accompagnée d’un guitariste. Curieusement, elle ne fait pas partie du casting de ce nouvel album, Inna De Yard. En juin 2016, le label Makasound rebaptisé Chapter Two a réuni dans une maison au dessus de Kingston quelques-unes des belles voix de l’île pour une session acoustique : Ken Boothe, The Viceroys, Cédric Myton des Congos ou Winston McAnuff. L’ensemble, publié ce mois-ci en amont de l’exposition « Jamaica  Jamaica!», présentée à partir du 4 avril à la Philharmonie de Paris, est sympathique mais sans surprise. Stéphanie Binet

1CD Chapter Two Records/Wagram

  • Drake
    More Life, a Playlist by October Firm

Pochette de l’album de Drake, « More Life, a Playlist by October Firm ». | DR

Il y a à peine un an, le rappeur canadien Drake sortait par surprise l’album Views, une plongée dans son Toronto natal, au rythme de sa communauté jamaïcaine et de ses souvenirs d’enfance marqués par le r&b et le hip hop new-yorkais. Le succès a été immédiat. En pleine tournée qui affiche complet, il réédite l’exploit avec ce nouveau disque, More Life, qu’il annonce sur la pochette comme une simple playlist, une tranche de vie. Le parfum caribéen refait surface avec Passion Fruit ou Madiba Riddim mais à la place de Rihanna, on découvre une jeune chanteuse anglaise, Jorja Smith. Toujours à la recherche des nouvelles vibrations mondiales, Drake s’est, pour ce disque, imprégné de ses soirées à Londres. La house tropicale, le UK garage transpirent dans le titre Get it Together. Il invite même l’icône du grime local, Skepta, et retrouve le troublant Sampha pour 4222, mais sans la magie du titre Too Much qui avait transcendé l’album de Drake, Nothing Was the Same, en 2014. Le Canadien convie aussi quelques grands noms de la scène américaine : Travis Scott pour un incroyable Portland, basé sur deux notes de flûte, 2 Chainz, Young Thug et Kanye West pour un non moins génial Glow, qui se termine sur une évocation d’Earth Wind and Fire et de son Devotion. Drake reste constant, juste dans ses choix musicaux, et nous fait partager ses goûts du moment. Offre volontiers acceptée. Stéphanie Binet