Les chiffres du chômage ont tendance à faire du surplace depuis le début de l’année. Après s’être très légèrement accru en janvier (+ 800), le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a modestement diminué de 3 500 en métropole, en février, d’après les statistiques rendues publiques, vendredi 24 mars, par le ministre du travail et par Pôle emploi. Il y a désormais un peu plus de 3,464 millions de chômeurs dans l’Hexagone (3,721 millions en incluant l’outre-mer). Tout se passe comme si le marché du travail, après l’embellie de 2016, marquait une pause.

Le reflux relevé en février concerne toutes les tranches d’âge. Ainsi, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans en catégorie A a baissé de 0,1 % : il est « désormais inférieur de près de 5 % à son niveau de mai 2012 », souligne, dans un communiqué inhabituellement sobre, le ministère du travail. Celui-ci n’a pas formulé de commentaire, période de réserve oblige à la veille du scrutin présidentiel. Mais il est évident que ce résultat ne peut que réjouir l’exécutif.

Les chômeurs de trois ans et plus sont plus nombreux

La diminution constatée en février pour les jeunes est d’une ampleur identique pour les 25-49 ans et les seniors. Toutefois, les inscrits à Pôle emploi de cinquante ans et plus sont plus nombreux en février, par rapport au même mois de 2015 (de 1,9 %).

D’autres données sont un peu moins favorables. Ainsi, les demandeurs d’emploi qui ont travaillé en février (catégories B et C) ont vu leurs effectifs s’étoffer. Résultat : le nombre d’inscrits relevant des catégories A, B et C progresse de 0,5 % sur un mois et de 1 % sur un an, en métropole. Ce qui, aux yeux de plusieurs syndicats, est la preuve d’une précarisation croissante du marché du travail.

De même, le nombre de chômeurs de longue durée (au moins un an) s’accroît de 0,1 % en février – mais sur un an, il est orienté à la baisse (-2,8 %). Ceux qui sont inscrits à Pôle emploi depuis trois ans et plus sont plus nombreux (+0,2 % sur un mois et +2,4 % en un an).

Poursuite des créations d’emplois au premier semestre

Pour la suite, les avis divergent. L’Unedic se montre pessimiste. Dans ses prévisions financières les plus récentes, rendues publiques fin février, l’organisme gestionnaire de l’assurance-chômage s’attend à un rebond du nombre de demandeurs d’emplois en 2017 (+47 000). Ce pronostic est toutefois un peu moins sombre que celui fait lors de sa précédente prévision financière, en septembre 2016 : +79 000 pour l’ensemble de l’année en cours.

L’Insee, de son côté, voit des lendemains un peu plus rieurs. Sa dernière note de conjoncture, publiée le 16 mars, table sur une nouvelle baisse du nombre de demandeurs d’emploi, ce qui ramènerait le taux de chômage à 9,5 % en métropole (9,8 % en incluant les outre-mer), contre 9,7 % au dernier trimestre 2016.

Ce reflux très modeste serait permis par la poursuite des créations d’emplois au cours du premier semestre : les effectifs dans le secteur marchand non agricole devraient, en effet, s’accroître de 81 000, au cours des six premiers mois de l’année – soit un rythme moins rapide que celui relevé durant le deuxième semestre 2016 (+115 000). Un ralentissement lié au fait que plusieurs dispositifs produisent moins d’effets sur l’emploi qu’auparavant : prime à l’embauche dans les PME, pacte de responsabilité, crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).

Sur 2016, l’économie tricolore s’était montrée particulièrement performante avec 187 200 postes créés, soit +1,2 %. Un saut quantitatif d’une ampleur inédite depuis 2007. En comparaison, 99 000 emplois supplémentaires avaient été créés en 2015, soit quasiment deux fois moins. Et lors des trois années précédentes, les effectifs dans les sociétés privées avaient reculé.

« Le redressement de notre économie est aujourd’hui pleinement confirmé : le soutien aux entreprises a permis à celles-ci de retrouver des marges qui leur permettent d’investir de façon très dynamique et de recréer de l’emploi à un rythme que nous n’avions pas connu depuis neuf ans », avait déclaré, la ministre du travail, Myriam El Khomri.