Film sur Canal+ à 21 heures

Captain America : Civil War (VF) - Bande Annonce
Durée : 02:27

Le film Captain America : Civil War n’est pas un modèle de légèreté. Le film dure deux heures et demie, et le bilan humain et matériel vaut celui de la plupart des conflits du XXe siècle. Quant aux longues discussions entre Captain America, tenant de l’autonomie des super-héros face aux corps constitués, et Iron Man, qui défend, lui, le respect des décisions humaines exprimées par un comité ad hoc des Nations unies, leur ennui pesant vaut presque les célèbres débats législatifs de La Menace fantôme. Curieusement, le film s’allège en avançant, dégageant de longues séquences comiques et – surtout – des scènes d’action allègres, dont l’une entraîne la destruction d’un aéroport berlinois.

La polémique entre Captain America et Iron Man est née d’une intervention des Avengers (moins Hulk et Thor) dans la ville de Lagos. Parmi les victimes ­collatérales, des sujets du roi du Wakanda (les initiés comprendront qu’il s’agit d’introduire un nouveau personnage, Black Panther, super-héros africain né sur le papier au plus fort de la lutte pour les droits civiques).

Captain America : Civil War - Extrait : Combat sur le tarmac !
Durée : 01:03

On est désormais familier de la ­notion d’univers en matière cinématographique, qui recouvre en fait toutes les techniques qui permettent d’entrecroiser les récits de différentes sagas afin que l’une soit l’instrument de la promotion de l’autre. Ici, ce truc de marketing est porté au rang, sinon d’un art, du moins d’une exhibition virtuose. Outre l’apparition de Black Panther (Chadwick Boseman, impérial), les amateurs se réjouiront de la visite que rend Tony Stark (Robert Downey Jr., qui semble ­désormais se consacrer tout entier à ce rôle) à Peter Parker.

C’est ainsi que Disney ménage dans son film un espace publicitaire à Sony, qui s’apprête à « rebooter » une fois de plus l’homme-araignée, après les déconvenues qu’a rencontrées sa dernière incarnation. Le jeune Tom Holland, Anglais comme son prédécesseur, fait ainsi ses débuts dans le collant rouge et bleu, tout de gaucherie adolescente, face au parfait roué qu’est Iron Man. Les « SonyLeaks » avaient révélé l’existence de pourparlers entre les deux majors portant sur l’intégration de Spider-Man dans l’univers des Avengers : en voici le résultat, impeccable.

Le progrès des effets spéciaux

On peut aussi voir Captain America : Civil War comme un tableau des cours du super-héros : Captain America et Iron Man performent selon les attentes du marché, ­pendant que Black Widow ­ (Scarlett Johansson) est sans doute surcotée – ses cascades sont filmées de façon à éviter d’engager trop la star et ses répliques ne sont que l’écho de ses précédentes apparitions. Quant à Hawkeye (Jeremy Renner), on voit mal comment il pourra échapper à son statut d’éternel chic copain – ce n’est pas un investissement d’avenir.

Ces enjeux, qui n’ont rien de dramatiques, permettent d’économiser sur le scénario lui-même. Le complot organisé en solitaire par un officier des renseignements de Sokovie (le pays en partie détruit par l’intervention des Avengers dans le dernier film de la série) ne tient pas debout (même si l’on croit que les hommes peuvent voler ou grimper aux façades vitrées), malgré les efforts de l’acteur allemand Daniel Brühl. Qu’importe, les stars sont là, les effets spéciaux ne cessent de progresser et les réalisateurs ont l’air de s’amuser. Quant aux spectateurs, ils ne peuvent refuser cette offre spéciale : les Avengers, un nouveau super-héros et une araignée au plafond en prime.

Captain America : Civil War, de Joe et Anthony Russo. Avec Chris Evans, Robert Downey Jr., Scarlett Johansson (EU, 2016, 148 min).