L’Empire State Building de Manhattan, à New York, sera l’un des nombreux monuments plongés dans l’obscurité pour célébrer la 10e édition de l’Earth Hour. | CARLO ALLEGRI / REUTERS

L’événement Earth Hour, aussi appelé « Une heure pour la planète », souffle ce samedi 25 mars sa dixième bougie. Les pyramides d’Egypte, la tour Eiffel, l’Empire State Building, le quartier Times Square… de nombreux monuments emblématiques situés aux quatre coins du monde seront plongés dans l’obscurité à 20 h 30 heure locale. Lancée en 2007 par le Fonds mondial pour la nature (WWF), l’initiative s’adresse également aux entreprises et aux citoyens, invités à éteindre les lumières pendant soixante minutes dans le cadre de cette opération visant à sensibiliser au changement climatique et à favoriser la transition énergétique.

Earth Hour est né « pour montrer aux dirigeants – parfois climatosceptiques – que les citoyens se sentent concernés par le dérèglement climatique » explique Siddarth Das, le directeur de l’opération. Pour la première édition à Sydney, ils étaient 2,2 millions de volontaires à jouer les pionniers. Depuis, l’événement a connu un essor mondial. En 2016, près de 7 000 villes, 178 pays et territoires ont participé au mouvement, au cours duquel 12 700 monuments ont été momentanément éteints. Quelque 472 ambassadeurs ont défendu cette cause, rapporte encore le WWF.

« Au lancement d’Earth Hour, nous n’avions pas imaginé que, dix ans après, le mouvement serait le plus important de ceux en faveur de l’environnement, ajoute M. Das. Cela montre à quel point le changement climatique touche l’ensemble des personnes à travers le monde. »

L’éclairage, un levier pour stabiliser le climat

D’après les données de Réseau de transport d’électricité (RTE), en 2016, la consommation annuelle d’électricité corrigée – qui prend en compte l’aléa météorologique – de la France était dans la continuité des six dernières années, soit d’environ 470 térawatts-heure (TWh). Cette stabilisation s’explique en grande partie par la maîtrise de la consommation d’énergie.

La part de l’éclairage dans la consommation d’électricité n’est pas négligeable. « En France, nos lumières – à l’extérieur et dans les bâtiments – utilisent 55 TWh et rejettent 5,6 tonnes de dioxyde de carbone [CO2] par an, indique Bruno Lafitte, expert en éclairage à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, l’Ademe. « Au niveau mondial, l’éclairage correspond à 19 % de la consommation d’électricité, avec d’importantes disparités entre les pays. En outre, il consomme chaque année 2 700 TWh et génère 1 150 millions de tonnes de CO».

Au-delà de l’action symbolique, l’heure sans lumière artificielle a fait naître de multiples initiatives, telles que la promotion de l’agriculture et de l’alimentation durables et la mise en place de projets de conservation.

Aire marine en Argentine, plantations forestières en Ouganda…

« Au cours des dix dernières années, les équipes du WWF et d’Earth Hour ont réuni des milliers d’individus à travers le monde pour aider à financer et soutenir des initiatives environnementales et sociales qui contribuent à notre objectif d’avenir durable et respectueux du climat », précise l’association sur sa page Facebook.

En Argentine, par exemple, Earth Hour a mobilisé la population pour inciter le gouvernement à créer une aire marine protégée de 3,4 millions d’hectares en 2013. La même année, en Ouganda, 2 700 hectares de « forêts Earth Hour » ont été plantés. En 2015, des panneaux solaires ont été installés sur des habitations en Inde et aux Philippines.

« La mobilisation au niveau local sensibilise au niveau international et inversement. Earth Hour contribue à l’action des citoyens, des collectivités et des entreprises », assure Anne Bringault, coordinatrice pour le CLER, réseau pour la transition énergétique, et le Réseau Action Climat.

En France, cette 10e édition Earth Hour mettra l’accent sur la candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024. « Nous proposons les premiers Jeux alignés sur les objectifs de l’accord de Paris, des jeux à impact environnemental positif accélérant la transition écologique des territoires, déclare Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Concrètement, ils permettront de léguer aux Franciliens des espaces de nature en ville, une alimentation bio et locale, des logements, des moyens de transport et des équipements plus respectueux de l’environnement, et de développer les énergies renouvelables. » Eteindre la lumière et allumer la flamme olympique, en somme.