A la veille de la célébration du soixantième anniversaire du traité de Rome, le gouverneur de la Banque de France estime que, sans l’euro, « la France serait seule face à la spéculation des marchés financiers ». Dans un entretien au quotidien Ouest-France, samedi 25 mars, François Villeroy de Galhau fait valoir que la monnaie unique a permis la construction d’une « souveraineté européenne » : « Un grand acquis pour peser face à l’Amérique de M. Trump ou à la Chine. »

Pour lui, la mise en place de l’euro a apporté trois « bénéfices pratiques » aux Français : « des prix qui augmentent moins ; des taux d’intérêt plus bas sur nos emprunts ; et une monnaie reconnue internationalement. » Et de poursuivre son plaidoyer :

« L’euro protège donc le pouvoir d’achat des Français, et d’abord celui des plus défavorisés. Il protège aussi la valeur de leur épargne : une dévaluation de notre monnaie serait une dévalorisation de notre patrimoine. »

« Partons de ce que nous avons déjà réussi »

Interrogé sur l’impact qu’aurait sur la dette publique un retour au Franc, Le gouverneur de la Banque de France répond : « Les taux bas ont fait gagner entre 30 et 60 milliards d’euros d’intérêt par an. Sans l’euro, à terme, les intérêts de la dette publique seraient donc chaque année majorés d’autant. Trente milliards, c’est le budget de la défense ; 60 milliards, c’est presque celui de l’éducation nationale ! »

« L’euro, c’est l’unité et la paix. Cette force n’a malheureusement rien perdu de son actualité dans le monde très incertain de 2017 », affirme François Villeroy de Galhau, avant de tracer quelques pistes pour le futur du projet européen :

« L’Europe devrait concentrer son énergie sur quelques projets : par exemple, la défense, la transition énergétique, un Erasmus pro pour les jeunes moins qualifiés. Il faut bien sûr faire mieux mais partons de ce que nous avons déjà réussi : notre monnaie. »