Faut-il y voir l’énergie du désespoir ? Dans une intervention très vive, dimanche soir au 20 heures de France 2, Benoît Hamon a haussé le ton, en dénonçant les « ralliements » venus de son propre camp ces derniers jours en faveur d’Emmanuel Macron, qui « consistent à [lui] planter des couteaux dans le dos ». « On m’annoncerait même la semaine prochaine une mise à mort avec le ralliement de Manuel Valls à la candidature d’Emmanuel Macron », a lâché le candidat socialiste.

A moins de quatre semaines du premier tour de l’élection présidentielle, sa campagne vit une véritable crise, et le « futur désirable » que défend le député des Yvelines prend chaque jour qui passe l’allure d’un chemin de croix politique. Longtemps bloqué au quatrième rang dans les sondages, M. Hamon a reculé depuis une semaine en cinquième position, doublé sur sa gauche par un Jean-Luc Mélenchon en pleine dynamique.

Dans sa propre équipe de campagne, plusieurs cadres, sous le sceau du « off », ne cachent plus leurs inquiétudes. « On est très mal », confie l’un d’entre eux. « Ça devient compliqué, le risque d’un dévissage fatal existe », reconnaît un autre.

« J’irai jusqu’au bout »

Signe de la confusion qui règne dans l’entourage du candidat du PS, le député européen Vincent Peillon, qui le soutient, a relancé, dimanche, la nécessité d’un accord de désistement entre MM. Hamon et Mélenchon. Invité de l’émission « Questions politiques », sur France Inter, M. Peillon a estimé que « cette question va normalement se poser dans les jours qui viennent, elle se pose déjà chez les électeurs ». Sans dire clairement qui, de M. Hamon ou de M. Mélenchon, doit se ranger derrière l’autre, l’ancien ministre de l’éducation nationale a jugé que le scénario d’un « rassemblement (…) va naturellement s’imposer » à cause du risque de « l’élimination de la gauche dès le premier tour ».

« J’irai jusqu’au bout, car je serai au second tour de la présidentielle. Dans tous les sondages, je bats Marine Le Pen au second tour », a réagi, dimanche soir, M. Hamon, comme une réponse à ceux qui pourraient lui demander de se retirer. « C’est oublier une chose, ce ne sont pas eux qui m’ont donné vie, c’est un vote populaire », a ajouté le vainqueur de la primaire en janvier.

Rien ne se passe comme prévu pour le député des Yvelines, toujours incapable d’enrayer le vote utile en faveur de M. Macron, ou de contrer la remontée de M. Mélenchon. Au point que, dimanche soir, il a lancé un appel aux électeurs de gauche à ne pas « voter par défaut », estimant que donner sa voix au leader d’En marche ! serait « une folie ».