A Zhangbei, au nord de Pékin, en juin 2009. | FREDERIC J. BROWN / AFP

L’offensive de Donald Trump contre les réglementations environnementales adoptées par son prédécesseur donne à la Chine – premier responsable mondial des gaz à effet de serre avec 25 % des émissions, devant les Etats-Unis – un rôle moteur, et modèle, dans la bataille contre le réchauffement climatique et la course aux énergies renouvelables. Mais en prétendant préserver l’emploi aux Etats-Unis, elle crée aussi un précédent fâcheux, la Chine pouvant désormais se faire plus susceptible de faire valoir des impératifs économiques en cas de crise.

Pour Lin Boqiang, chercheur en économie énergétique à l’université de Xiamen, ce rôle dirigeant que le reste du monde voudrait confier à la Chine bute sur une réalité : « La Chine va faire de son mieux mais c’est encore un pays en développement, nous n’avons ni la capacité ni l’argent pour mener comme le pouvaient les Etats-Unis », dit-il. Dans la lutte contre le réchauffement, Pékin a en effet toujours insister pour faire porter davantage de responsabilités sur les pays développés.

Bon élève

Pour l’instant, la Chine, qui a ratifié l’accord sur le climat en septembre 2016, à la veille du G20 de Hangzhou, fait figure de bon élève. Alors qu’aux Etats-Unis Donald Trump se pose en défenseur du charbon, Pékin semble confirmer sa lente désintoxication vis-à-vis d’un combustible qui a assuré, en 2016, 62 % de sa fourniture en énergie – soit plus du double qu’aux Etats-Unis. L’objectif de Pékin est d’atteindre un taux de 55 % d’ici à 2020. Fin février, les chiffres officiels ont confirmé que la consommation de charbon avait diminué en 2016 pour la troisième année consécutive, de l’ordre de 1,3 % en unité énergétique (et 4,7 % en tonnes).

Surtout, la Chine devrait parvenir à une baisse de 1 % de ses émissions de CO2 en 2017, selon l’analyse que le bureau de Greenpeace en Asie de l’Est a tirée des prévisions émises fin février par l’Agence de l’énergie chinoise – soit, précise l’ONG, la quatrième année de déclin ou de stagnation. Cela montre que « la Chine est sur la voie de parvenir à un pic de ses émissions de CO2 bien avant les objectifs [de 2030], si la transition rapide aux énergies propres et la fin de sa surdépendance vis-à-vis des industries polluantes se confirment », avait écrit Greenpeace dans un communiqué le 28 février. Ces objectifs initiaux étaient toutefois considérés par les experts comme relativement conservateurs.

Nécessité et calcul

La dynamique de conversion aux énergies renouvelables est désormais inscrite dans le processus de planification, avec des investissements colossaux à la clé. Dans son plan de développement 2016-2020, l’Agence de l’énergie chinoise préconise d’investir 2 500 milliards de yuans (335 milliards d’euros) dans les renouvelables.

La Chine a bien l’ambition de jouer un rôle majeur dans les industries du renouvelable – par nécessité, mais aussi par calcul économique. Cette débauche d’investissements pousse à la production massive d’acier, ou de ciment par exemple. En même temps, une partie des nouvelles capacités installées sont critiquées pour leur faible coefficient d’utilisation – dans le solaire et l’éolien –, ou bien leur impact environnemental – notamment les barrages géants.