Un magasin Mim dans le centre commercial Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime). | Mim/ Centre commercial Tourville

C’est un dossier social qui concerne près de 800 salariés. Et dont aucun candidat à la présidence de la République ne s’est encore saisi. Le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a validé, mardi 28 mars, l’offre de reprise partielle de l’enseigne de mode Mim présentée par le groupe suisse Tally Weijl et le français Etam. Ils ne reprendront que 287 des 1 078 salariés. « C’est le scénario catastrophe que nous redoutions », déplore MJustine Candat, l’avocate des salariés Mim.

Les deux repreneurs sont des mastodontes de la mode. Tally Weijl exploite plus de 800 magasins dans 37 pays à travers le monde. Etam compte quatre enseignes (Etam, Etam Lingerie, 1.2.3. et Undiz), affiche 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et aligne plus de 4 000 magasins à travers le monde. Mais, à eux deux, ces spécialistes de la mode féminine ne reprendront que 71 des 233 magasins de la chaîne Mim, placée en redressement judiciaire en novembre 2016.

L’enseigne est méconnue. Fondée en 1976, elle a connu son heure de gloire dans les galeries d’hypermarchés des années 1990. En 2006, elle est vendue au britannique New Look, qui la revend en 2014 à un hongkongais, Main Asia. Son réseau compte alors près de 300 magasins. « Aucune stratégie, aucun investissement, pas de rénovation dans les magasins et des prix en hausse pour une qualité en baisse » : à en croire Me Candat, le nouveau propriétaire s’emploie à faire chuter l’enseigne. Deux ans plus tard, Mim affiche des pertes de 9 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 150 millions. Sa dette atteint 60 millions d’euros. Et, alors que le marché français est en pleine crise, aucun candidat ne se présente pour racheter l’ensemble de son réseau.

Mobilisation des employés

Etam s’est engagé sur la reprise de deux magasins seulement, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et Nîmes (Gard), soit huit salariés. Déjà présent partout en France, le groupe « n’a pas besoin de plus » de points de vente. Tally Weijl a, lui, accepté d’améliorer son offre, à 69 boutiques, soit 279 personnes (contre 37 magasins initialement).

Cette offre combinée se traduira par la suppression de 791 des 1 078 emplois de la chaîne ; « 98 % sont des femmes, jeunes, peu qualifiées, employées souvent à temps partiel, pour un salaire moyen de 1 500 euros brut », précise Me Justine Candat.

Malgré leur mobilisation lors de manifestations en magasin et devant le palais de justice de Bobigny, les salariés ne sont pas parvenus à se faire entendre des juges. L’offre d’Etam et Tally Weijl n’avait cependant pas leurs faveurs. Ils avaient aussi mis leur veto à celle portée par la société AGT. Tous imputaient les déboires de Mim précisément à ce fournisseur exclusif aux prix prohibitifs.

La plupart des salariés veulent « changer de voie »

Les employés préféraient l’offre présentée par la Compagnie du Clémenty qui proposait de réembaucher 90 % du personnel. Mais ses dirigeants n’ont pas présenté les garanties financières qu’exigeaient les juges.

Les salariés ne sont pas parvenus non plus à se faire entendre des candidats à la présidence de la République. Le printemps 2017 ne ressemble en rien à celui de 2001. Un an avant l’élection présidentielle, Lionel Jospin, alors premier ministre, et futur candidat, s’alarmait du sort des salariés Lu, à la suite de l’annonce de la fermeture des usines de Calais et d’Evry par le groupe Danone, et du devenir des 1 700 salariés de Marks & Spencer, à la suite de l’annonce brutale de son départ par l’enseigne britannique. Le printemps 2017 ne ressemble pas non plus à celui de 2012 où le dossier des hauts fourneaux de Florange promis à la fermeture par ArcelorMittal s’était imposé dans l’agenda de la campagne.

« Ce n’est pas faute d’avoir interpellé les candidats à la présidence de la République », raconte Me Candat. Seule l’équipe de Benoît Hamon (candidat PS), souligne-t-elle, a manifesté son soutien aux salariés Mim la semaine dernière.

L’avocate se fait désormais fort d’obtenir un rendez-vous au ministère du travail. Me Candat veut un « soutien financier des pouvoirs publics » pour les salariés non repris par Etam et Tally Weijl. La plupart veulent suivre une formation et « changer de voie » car, dit-elle, « le commerce du textile, c’est derrière elles ».