Après quelques mois d’expérimentaiton, dans les Yvelines et en Bretagne, le « mégafichier » TES – pour « titres électroniques sécurisés » – a été déployé à l’ensemble de la métropole, ce 28 mars. Cette base de données géante, créée par décret en novembre 2016, doit rassembler les données de tous les détenteurs d’un passeport ou d’une carte d’identité – dont des données biométriques comme les empreintes digitales.

Sa création avait provoqué un vif débat. Le ministère de l’intérieur affirme que cette base de données est nécessaire pour mieux sécuriser la délivrance de titres d’identité, mais ses adversaires critiquent un double risque : d’une part, le fait que ce fichier massif puisse être détourné pour d’autres usages, et, d’autre part, le fait que quelles que soient les mesures de sécurité prises, le rassemblement des données de l’ensemble de la population dans un même fichier présente un risque.

Un audit de sécurité avait conclu, en janvier, que « les principes de conception du système TES sont compatibles avec la sensibilité des données qu’il contient », mais notait également que « le système TES peut techniquement être détourné à des fins d’identification ». La Commission nationale informatique et libertés avait également fait part de plusieurs réserves.

Insuffisant pour reporter le déploiement du fichier, a estimé le ministère de l’intérieur, qui doit également l’étendre à l’outre-mer d’ici la fin de la semaine. Mais plusieurs plaintes ont d’ores et déjà été déposées contre ce mégafichier.