Le CIC fait partie des banques qui proposent ce nouveau service. | BARBARA LABORDE / AFP

Chaque année, nombre d’entreprises gratifient leurs salariés d’un intéressement ou d’une participation sur les bénéfices, et les heureux bénéficiaires doivent choisir entre placer cette épargne salariale pour une durée de cinq ans ou récupérer immédiatement la somme. Il est en effet possible de recevoir immédiatement cette prime mais dans ce cas, elle vient s’ajouter aux salaires et est imposable à l’impôt sur le revenu (IR).

Et ce n’est pas la perspective d’une année fiscale blanche qui va changer cette règle. Si le prélèvement à la source entre en application dès 2018, Bercy a confirmé que ces revenus n’échapperaient pas à l’imposition sur le revenu. En revanche, il n’y aura pas d’impôt à supporter si l’épargne salariale est investie pendant cinq ans sur un Plan d’épargne entreprise (PEE) ou sur un Plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco). La condition est toutefois de laisser l’épargne bloquée pendant cinq ans.

Avance sur épargne salariale

Un délai qui peut se révéler trop long, mais il existe des exceptions. Un mariage ou un pacs, l’arrivée du troisième enfant, l’achat de la résidence principale ou encore la fin du contrat de travail sont des cas de déblocage. Mais, en dehors ces exceptions, l’épargne salariale est immobilisée. Pour autant, il existe un moyen indirect d’en bénéficier, que certains nomment l’avance sur épargne salariale.

L’idée, pour les établissements financiers qui offrent ce service, est de proposer un prêt à la consommation adossé sur tout ou partie du montant de l’épargne salariale investi sur un PEE, moyennant le paiement d’intérêts. Amundi propose ainsi ce service depuis la mi-2016 aux salariés de ses entreprises clientes qui ont accepté cette innovation.

Pour financer ses projets personnels, le salarié souscrit un prêt amortissable (une part des intérêts et du capital sont remboursées chaque mois). Il choisit ses mensualités et sa durée de crédit directement en ligne. De cette dernière découle un taux d’intérêt annuel de 3,9 %, mais de seulement 1,9 % pour une durée choisie entre 37 et 48 mois. Il bénéficie « d’un taux très attractif en contrepartie du nantissement de son épargne salariale pendant la durée du prêt », précise Sophie Lebeau, secrétaire générale d’Amundi ESR. « Et pendant ce temps, l’épargne salariale bloquée continue de fructifier », ajoute Mme Lebeau.

Pour sa part, le Crédit mutuel et le CIC proposent aussi un prêt sur l’épargne salariale, à ceci près que ce dernier est « in fine ». Ainsi, le salarié ne paye que les intérêts mensuellement et le capital est remboursé à l’échéance. Ces prêts sont donc conclus pour une durée de cinq ans (ou moins, dans le cadre d’un remboursement par anticipation, sans frais), avec un taux fixe annuel de 2,95 % à mars 2017. « Proposée avec notre filiale Monabanq, cette solution ouvre une alternative entre percevoir immédiatement son épargne et payer l’impôt, ou la placer », souligne Rémy Boeglin, directeur général de CM-CIC épargne salariale.

Pour bénéficier de ce type de prêt, il faut donc, dans un premier temps, se rapprocher de son gestionnaire d’épargne salariale. Mais si la réponse est négative, tout n’est pas perdu pour autant. Eole Finance, une marque du Crédit mutuel Arkea, propose un prêt similaire baptisé Myself, à condition que l’épargne salariale soit logée dans un PEE, un Plan d’épargne inter-entreprises ou encore un compte courant bloqué.

« Nous pouvons prêter l’équivalent de 70 % des sommes logées sur des fonds diversifiés comme les actions et 100 % sur les fonds monétaires et nous pouvons intervenir sur l’ensemble des sociétés de gestion », précise Yann Rault, responsable du département partenaires institutionnels chez Financo et Eole Finance. Cette offre contribue plus largement à « débloquer » l’épargne salariale, mais ce service à un coût : comptez près de 4 % d’intérêt par an.