Le nombre de Kényans ayant besoin d’une aide alimentaire d’urgence a doublé en trois mois et s’élève à présent à 3 millions, a annoncé, mardi 28 mars, la Croix-Rouge kényane, qui s’inquiète des conséquences dramatiques de la sécheresse.

Comme plusieurs pays d’Afrique de l’Est, le Kenya est frappé de plein fouet par une sécheresse aiguë : les deux dernières saisons des pluies ont été marquées par de très faibles précipitations, conduisant à des récoltes en forte diminution et à une augmentation du prix des denrées alimentaires. L’inflation a atteint 9 % en février, un record depuis cinq ans.

« La situation empire chaque jour. Le taux de malnutrition infantile progresse continuellement. Les enfants tombent malades et les sources de revenus des familles ont été amputées après la mort de milliers de têtes de bétail », principale richesse de nombreuses communautés d’éleveurs, a expliqué le secrétaire général de la Croix-Rouge kényane, Abbas Gullet, dans un communiqué.

« Il est de plus en plus difficile pour les populations [affectées] d’avoir accès à l’eau et, pour certains, les trajets sont multipliés par trois pour pouvoir ravitailler le foyer en eau », a-t-il ajouté. La sécheresse a également exacerbé les tensions entre communautés d’éleveurs, qui ont fait au moins 30 morts depuis décembre 2016.

« Des séquelles à vie »

Selon la Croix-Rouge, le nombre de Kényans souffrant de la faim pourrait atteindre les 4 millions dans les semaines à venir, et plus de 340 000 enfants de moins de 5 ans sont en état de malnutrition aiguë. « Les mots nous manquent pour décrire la situation dans les zones affectées au Kenya et dans le reste de la région », a souligné Fatoumata Nafo-Traoré, la directrice Afrique de la Fédération internationale de la Croix-Rouge.

La crise humanitaire touche plusieurs autres pays de la région : la Somalie voisine est au bord de sa troisième famine en vingt-cinq ans. Au Soudan du Sud, la famine – causée non par la sécheresse mais par le conflit qui dure depuis décembre 2013 – a été officiellement déclarée et menace 100 000 personnes.

« Notre message est simple : les organisations humanitaires ont besoin de ressources suffisantes pour répondre aux besoins. Sans ça, des milliers de personnes pourraient mourir et des enfants souffriront des séquelles pour le reste de leur vie. Et nous ne pourrons pas dire : “Nous ne savions pas” », a averti Mme Nafo-Traoré.

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