1. Au Soudan du Sud, la guerre civile

Selon l’ONU, plus de 1,5 million de demandeurs d’asile sud-soudanais se sont réfugiés en Ouganda depuis que la guerre civile a éclaté dans leur pays, en décembre 2013. Ici, à Palorinya (Ouganda), le 25 février. | Dan Kitwood / Getty Images/AFP

Le 20 février, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) ont déclaré l’état de ­famine dans le Soudan du Sud. « Cela signifie que les gens ont déjà commencé à mourir de faim », précise leur texte commun. Elle touche 100 000 personnes dans l’Etat d’Unité. La famine, selon l’échelle IPC de l’insécurité alimentaire, est la cinquième et dernière phase de la sous-alimentation : celle de la « catastrophe ». Le Soudan du Sud a basculé dans la guerre ­civile en décembre 2013, alors que des affrontements avaient lieu entre les soldats du président Salva Kiir et les troupes rebelles du vice-président, Riek ­Machar. Depuis, les combats n’ont pas cessé. Pillages, récoltes détruites, bétail massacré : 3 millions de ­personnes ont quitté leurs terres. La FAO prévient : 5 millions de Sud-Soudanais risquent de basculer cette année dans la famine.

2. En Somalie, le spectre de 2010-2012

Cette petite fille de 4 ans, qui ne pèse que 7,1 kg, a été admise à l’hôpital de Borama, dans le nord-ouest de la Somalie, le 21 mars | Andrew Renneisen pour "Le Monde"

Le 7 mars, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est rendu à Mogadiscio pour s’entretenir avec le président somalien de la famine qui menace ce pays déjà en proie à une malnutrition endémique. « La combinaison du conflit armé, de la sécheresse, du changement climatique, des maladies et du ­choléra est un cauchemar », a déclaré M. Guterres. La Somalie est déchirée depuis 1991 par une guerre civile ­opposant le gouvernement de Mogadiscio, des factions islamistes et djihadistes et des seigneurs de guerre. Une force d’intervention de l’Union africaine tente d’y rétablir la paix. En attendant, la sécheresse s’aggrave et l’agriculture s’effondre : 2,9 millions de personnes souffrent de carence alimentaire. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 6,2 millions de Somaliens ont besoin d’une aide ­humanitaire d’urgence. Entre 2010 et 2012, déjà, une grave famine liée à une sécheresse sans précédent depuis soixante ans avait fait 260 000 morts.

3. Le Yémen, coupé du monde

Collecte d’eau dans la banlieue de la ville portuaire d’Hodeïda (Yémen), le 20 février | STR / AFP

Le 26 janvier, le chef des opérations humanitaires des Nations unies, Stephen O’Brien, a estimé que, « sans action immédiate, la famine était un scénario possible pour 2017 au Yémen ». Depuis mars 2015, le pays est en proie à un conflit qui oppose d’une part le gouvernement yéménite soutenu par les forces armées de l’Arabie saoudite, d’autre part les djihadistes d’Al-Qaida et les rebelles houthis, des chiites armés par l’Iran. Ces derniers ayant pris la capitale, Sanaa, l’aéroport a été fermé, ce qui ­interdit l’acheminement des médicaments. Quant au port d’Hodeida, il subit un blocus qui paralyse l’arrivée de l’aide humanitaire. D’après l’ONU, plus de 7 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence et 460 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë. Fin février, le ­secrétaire général de l’ONU a lancé un appel pour que « le droit international humanitaire » soit respecté par toutes les parties, et que l’accès à l’aide soit « accordé sur tout le territoire ».

4. Au Nigeria, la terreur Boko Haram

Camp de réfugiés nigérians qui ont fui les zones qu’occupe le groupe terroriste Boko Haram, à Maiduguri (Nigeria), en 2016. | Sam Olukoya / dpa Picture-Alliance/AFP

Le 24 février, à Oslo, à l’initiative de la Norvège, de l’Allemagne et du Nigeria et en l’absence notable de l’Amérique de Donald Trump, 14 pays se sont ­engagés à débloquer 634 millions d’euros sur trois ans pour venir en aide aux 10,7 millions de personnes vivant en situation d’extrême précarité dans le nord-est du Nigeria et le bassin du lac Tchad. Le groupe djihadiste Boko Haram, qui tente depuis 2009 d’imposer par la terreur son régime salafiste dans la région, a obligé 2,6 millions de personnes à fuir leurs terres. Le conflit a déjà fait 20 000 morts. Dans le nord-est du Nigeria, les champs ne sont plus cultivés, les marchés sont déserts, les prix ont ­décuplé. D’après l’Unicef, 250 000 enfants sont au bord de la famine et, sans aide, 50 000 mourront dans l’année. Le 16 février, l’économiste en chef du PAM, Arif Husain, a résumé les risques encourus par les populations civiles au Soudan, au Yémen, en Somalie et au Nigeria : la famine menace à court terme 20 millions de personnes.