L’Anacej a lancé la campagne « #JeVote ! » lors des élections régionales de 2015.

Freddy Korsaga, 19 ans, est membre du comité jeunes de l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes (Anacej). Etudiant en deuxième année de comptabilité et de gestion à Paris, il participe aux opérations de l’Anacej – dirigée par le socialiste Mathieu Cahn, maire adjoint de Strasbourg – pour inciter les jeunes de son âge à participer à la présidentielle du 23 avril et du 7 mai.

Quelles opérations menez-vous pour lutter contre l’abstention ?

Freddy Korsaga : Samedi dernier, on a participé à une action avec le #VoxeTour, à Paris. On a commencé à 14 heures au forum des Halles. On proposait aux gens de les prendre en photo avec leur réponse sur une ardoise à la question : si demain vous étiez président de la République, quelle serait la première mesure que vous adopteriez ?

On est dans un rôle d’information, on rappelle aussi les dates, comment s’inscrire, on a remarqué qu’il y a beaucoup de problèmes pratiques. A 18 ans, certains jeunes sont amenés à déménager et ne pensent pas à s’inscrire sur les listes du lieu où ils vivent.

On avait des animations, de la danse, de la musique. L’idée était de retenir l’attention, avec l’idée de se focaliser sur les jeunes qui pensent que le vote n’est pas très utile, que les politiques disent une chose et font son contraire.

Quelles ont été les réactions des passants ?

J’ai rencontré beaucoup plus de jeunes dégoûtés par « la politique politicienne », par les affaires, que par la politique au sens large. Quand on regarde la télé, on peut avoir l’impression que tous les politiques détournent des fonds ou s’achètent des costumes à je ne sais pas combien d’euros, mais on ne parle pas assez des politiques qui font des choses bien.

Il y a 10 000 raisons à l’abstention. Une personne m’a dit qu’aucun candidat ne lui correspondait et que le vote blanc n’était pas reconnu. Je lui ai conseillé d’écrire sur l’ardoise : « Je suis pour la reconnaissance du vote blanc. » Et de regarder si des candidats proposaient justement cette reconnaissance.

On a vraiment rencontré différents profils : des gens qui savaient déjà pour qui ils allaient voter, d’autres qui ne croyaient pas spécialement aux élections. J’ai eu des réponses : « Beaucoup de politiques sont trempés dans des affaires. » Mais j’ai eu aussi : « Je vais voter Mélenchon, j’ai mon idée en tête, vive la VIe République. »

Quel peut être l’impact de telles actions ?

Je pense vraiment qu’on a touché des gens. On veut dire aux gens de voter, mais sans essayer de leur dire pour qui. On était une trentaine de jeunes du comité de l’Anacej, et avec nous une quinzaine de jeunes du comité Voxe.

J’explique que ce n’est pas parce que certains sont mauvais que tous le sont. Il faut ramener les élections au réel, montrer quel impact ça peut avoir sur notre vie. Jai plus de facilité pour les élections municipales, parce que les actions des maires peuvent se voir de façon plus directe : un maire qui aménage un quartier, qui facilite les transports, etc.

Pourquoi mener ces opérations à destination des jeunes électeurs ?

Plus largement, on se bat pour que nous, les jeunes, on participe plus dans l’espace public.
Le vote est un moyen, mais pas le seul. Il y a aussi les associations, les clubs, le bénévolat. Beaucoup de politiques font des propositions en fonction de l’électorat qu’ils espèrent. Je me dis que si on représentait un électorat plus important, si on était plus de jeunes à voter, peut-être que les politiques s’adresseraient plus à nous.

Les jeunes sont peu considérés dans les programmes des candidats. Sûrement pas assez, en tout cas.