La fusée lancée jeudi avec succès à Cap Canaveral, en Floride. | Craig Bailey / AP

Depuis Cap Canaveral, la société américaine SpaceX a lancé jeudi 30 mars au soir sa fusée Falcon-9, dont le premier étage a été recyclé d’un précédent vol, une première. Lors d’une intervention sur Internet, Elon Musk, fondateur et patron de SpaceX, s’est immédiatement félicité de ce succès :

« C’est un jour incroyable pour l’espace et l’industrie spatiale. On peut faire voler et revoler le premier étage d’un lanceur, qui est la partie la plus chère, et cela finira par aboutir à une énorme révolution du vol spatial. »

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Le lanceur qui transporte un satellite de télécommunications de la firme luxembourgeoise, la Société Européenne des Satellites (SES), s’est arraché de son pas de tir du centre spatial Kennedy à 18 h 27 (23 h 27 à Paris).

Le premier étage, haut de 41 mètres, s’est séparé du reste du lanceur 2 min 41s après le décollage, avant d’entamer une descente contrôlée par ses rétrofusées pour venir se poser en douceur sur une plateforme flottante dans l’océan Atlantique, 8 min 32s après le lancement.

Neuf tentatives de récupération réussies

Le déploiement du satellite s’est effectué sans problème 32 minutes après le décollage, a confirmé SpaceX. Le premier étage avait déjà servi pour le lancement, en avril 2016, de la capsule Dragon vers la station spatiale internationale (ISS) pour une mission d’approvisionnement dans le cadre d’un contrat avec la Nasa.

Le premier succès de cette manœuvre délicate a eu lieu en décembre 2015. Le premier étage s’était alors posé sur le sol, près de Cap Canaveral. Il ne sera pas réutilisé car Elon Musk le considère comme une pièce historique qui est exposée au siège de la société, à Hawthorne, en Californie.

Au total, SpaceX a effectué quatorze tentatives de récupération et en a réussi neuf en comptant celle de jeudi, dont trois au sol et six sur une barge en mer. Les échecs se sont surtout produits au début de l’expérimentation.

Le patron de SpaceX, également fondateur et président de la compagnie de voitures électriques Tesla, compte ainsi réduire nettement les coûts de mise sur orbite et bouleverser le marché du lancement spatial. La directrice générale de SpaceX, Gwynne Shotwell, avait fait valoir l’an dernier que le recyclage du premier étage de Falcon, pourrait réduire le coût de lancement d’environ 30 %. Actuellement, SpaceX facture chaque tir plus de 60 millions de dollars.

Le nombre de réutilisations possibles du premier étage après son reconditionnement reste à ce stade incertain. Fin 2015, Elon Musk avait assuré qu’il pourrait théoriquement être recyclé jusqu’à cent fois, tout en estimant pouvoir le faire revoler de dix à vingt fois.

Rendre l’espace plus accessible

Le rival de SpaceX, Blue Origin, créé et dirigé par Jeff Bezos, a déjà réussi à cinq reprises depuis novembre 2015 à faire atterrir sa fusée New Shepard après un lancement, mais les vols restent en dessous de l’orbite terrestre. De ce fait, il est moins difficile pour le lanceur de faire une descente contrôlée car sa vitesse n’est pas aussi élevée.

« La réutilisation du lanceur nous permet de le faire revoler avec la capsule de nombreuses fois », affirme Blue Origin sur son site internet. « Avec chaque nouveau vol, nous rendrons de plus en plus abordable l’exploration et la recherche spatiales et ouvrirons l’espace à tous. »

Cette vision optimiste est partagée par le responsable technique de SES, le premier opérateur de satellites commerciaux pour lequel SpaceX a effectué un lancement en 2013. « Nous pensons que les fusées recyclées vont ouvrir une nouvelle ère du vol spatial et faciliter l’accès à l’espace en termes de coût et de gestion des calendriers de lancements », écrit Martin Halliwell dans un communiqué.