L’alerte enlèvement a-t-elle montré ses limites ? Le dispositif mis en place mercredi 29 mars pour retrouver Vicente, un enfant âgé de 5 ans et demi, enlevé par son père à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a été levé le jour suivant, dans la soirée, alors que le petit garçon n’a toujours pas été retrouvé.

Pourquoi avoir levé l’alerte ? « Quelques informations ont été très utiles aux enquêteurs, même si elles n’ont pas permis de procéder à une interpellation », a reconnu le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Eric Maillaud. Pour autant, selon le magistrat, il n’était pas nécessaire de prolonger son maintien car, « par son ampleur, cet acte d’enquête exceptionnel a permis le recueil de très nombreuses informations qui vont permettre à l’enquête judiciaire de se poursuivre et de s’intensifier dans le cadre de la flagrance ». Au total, près de 1 300 témoignages ont été recueillis.

« Ce n’est pas une baguette magique »

« On ne peut pas dire que ce soit un échec, estime M. Maillaud. Le dispositif Alerte enlèvement n’est pas une baguette magique, ce n’est qu’un appel à témoins renforcé. Réussir à chaque fois n’est pas possible, statistiquement. » Au ministère de la justice, on insiste sur le fait qu’« il faut voir Alerte enlèvement comme un outil extrêmement puissant et efficace pour toucher le maximum de Français et recueillir du renseignement. Mais il perd en efficacité au fil des heures. Le portrait du père a été affiché partout, donc pas besoin de répéter en boucle le même message. »

Depuis la levée du dispositif, le numéro spécial 197 renvoie désormais vers le 17, où il est toujours possible d’apporter de nouveaux témoignages. C’est la vingtième fois que ce système d’alerte de la population en cas d’enlèvement d’un enfant mineur est déclenché en France. Il consiste à diffuser l’appel à témoins pour aider les autorités à retrouver la personne disparue. Il est censé l’être pendant trois heures.

Le message est notamment relayé par des partenaires ayant signé une convention avec l’Etat, parmi lesquels figurent la plupart des médias (dont Le Monde), mais aussi la SNCF, les aéroports et les sociétés d’autoroute, tous susceptibles de pouvoir diffuser l’information rapidement. Une page Facebook a également été créée, suivie à ce jour par plus de 280 000 personnes.

Jusqu’à présent, le dispositif a permis à chaque fois de retrouver les enfants enlevés sains et saufs. Le dernier déclenchement en date, en octobre 2016, avait permis de retrouver une petite fille de 4 mois, enlevée à Grenoble par son père, sur fond de conflit familial.

L’enquête continue dans le Sud-Ouest

Ce n’est toutefois pas la première fois que l’alerte est levée alors que l’enfant concerné n’a pas été retrouvé. Cela avait été le cas en 2009, lorsqu’une petite fille avait été retrouvée en Hongrie trois semaines après son enlèvement.

La levée du dispositif n’annonce donc pas la fin de l’enquête. Les recherches pour retrouver Vicente se sont d’ailleurs poursuivies vendredi dans le Sud-Ouest, où le père, Jason Lopez, a des attaches familiales, a fait savoir le parquet.

Agé de 28 ans, le ravisseur est un détenu en fuite. Considéré comme « un homme violent » par les enquêteurs, il fait partie d’un médiatique clan de gens du voyage, connu pour ses provocations et vidéos sur Internet.

« Il y a une inquiétude à se demander si la famille de la mère de l’enfant ne mène pas sa propre enquête pour faire justice soi-même », a souligné le procureur de la République de Clermont-Ferrand, qui évoque « une opposition entre deux clans ».