Image d’illustration. Royal Academy of Arts, Londres 2016 | DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Quelle école d’arts plastiques est faite pour moi ? Y a-t-il d’autres moyens d’y entrer que le concours ? Le passage par la case prépa est-il obligatoire ? Autant de questions que des milliers de candidats se posent chaque année avant de passer les très sélectifs concours des écoles des « beaux-arts ». Des étudiants ou ancien étudiants ont raconté sur le Monde.fr comment ils étaient entrés dans l’une des 50 écoles d’arts plastiques qui dépendent du ministère de la culture. Voici une sélection de leurs témoignages, et de conseils à ceux qui voudraient suivre le même chemin.

« Montrer qu’on s’intéresse à divers médiums » - Orlane, 20 ans, étudiante à l’École supérieure d’art et de design de Valenciennes

« Après le bac, j’ai été en histoire de l’art et d’archéologie où je me suis sentie mal à l’aise. Ce cursus était trop théorique pour moi. J’ai simultanément pris des cours de dessin et de peinture à l’huile. J’y ai appris quelques bases qui m’ont été utiles par la suite. Je me suis rendu compte que ces trois heures étaient les plus exaltantes de ma semaine, j’étais ravie de pouvoir aboutir à quelque chose de concret. (…)

Ce qui, je pense, m’a permis de me distinguer lors du concours, ce fut ma culture générale artistique pour le commentaire, et mon implication personnelle dans mes travaux. J’avais un artiste en référence pour l’épreuve en temps limité, ce qui a été apprécié. Il faut montrer qu’on s’intéresse à divers médiums – quelques dessins, photos, peintures, des tests de sculpture et pas que des dessins ou que des vidéos. Il faut avoir connaissance d’artistes contemporains, vivants, c’est important. Sincèrement, motivation et expérimentations sont les qualités-clés. Tout le monde a sa chance, il n’y a pas de profil type. »

« À chacun son école » Matthias, 20 ans, étudiant à l’École supérieure d’art de Lorraine de Metz

« Pour ma part, j’ai préféré faire une prépa après avoir tout de même tenté des concours d’entrée en école d’art, sans vraiment y croire mais pour voir comment cela se passe. Pendant un an de prépa, j’ai pu concentrer mon temps sur la constitution d’un dossier qui reflétait mon orientation artistique dans plusieurs médiums.

C’était un dossier fait pour me représenter, moi, et montrer quel type de plasticien je voudrais devenir plus tard, et non pas fait pour attirer l’attention du plus grand nombre d’écoles possible. Si on essaie de charmer une école avec des travaux qui ne sont pas une représentation de notre intention artistique, ça ne fonctionnera pas. Et surtout, je n’ai pas fait mon choix d’école sur leur soi-disant popularité, j’ai pris celles qui, je pensais, allaient m’apporter le savoir et la technique qui me seraient utiles pour avancer. »

« Tenter la classe préparatoire publique » - Nsani, 26 ans, passée par la prépa de Beaune puis par les beaux-arts de Nantes

« L’entrée à la classe préparatoire [publique] de Beaune fut un peu un coup de chance : c’est la seule prépa que j’ai tentée. Et je ne le regrette pas. Vous êtes à peine vingt élèves et ce cadre permet aux professeurs de vraiment s’intéresser à vous et à votre expression plastique. En prépa, on a une vague idée de ce que l’on veut faire. Les beaux-arts, oui, mais pourquoi ? (…) À Beaune, ils t’obligent déjà à penser à l’avenir. Non avec un discours mais avec des matières : la sculpture, la peinture, le graphisme, la vidéo. (…)

Cette prépa t’aide également à construire la suite. Chaque dossier d’élève, chaque caractère, est pris au cas par cas. C’est ainsi que j’ai tenté ma chance aux beaux-arts de Nantes, une école où l’étudiant peut aussi s’épanouir. Une école qui s’ouvre également vers l’extérieur en poussant ses étudiants à partir étudier à l’étranger dans d’autres écoles d’art.

Oui, les beaux-arts ont un côté élitiste, et il faut s’accrocher car il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Mais, dans cet élitisme, il ne faut pas oublier que chacun a sa chance. Peu importe d’où tu viens, tu as ta place parce que tu es capable d’utiliser, de jouer avec l’art pour t’exprimer à l’envi. »

« Penser aux admissions parallèles » - Elsa, 30 ans, doctorante en art et rédactrice web

« Je suis entrée aux beaux-arts de Lyon en équivalence, après un bac STI arts appliqués à l’école Estienne et un BTS design de mode et environnement option mode à l’école Duperré. Le profil « arts appliqués » ne me correspondait pas tout à fait, et sur les conseils d’une de mes enseignantes à Duperré, j’ai envoyé mon dossier aux beaux-arts de Lyon et de Paris. À Paris je n’ai pas passé le premier tour de sélection sur dossier mais à Lyon, après envoi du dossier et entretien avec un jury, j’ai été admise directement en 2e année. Je suis sortie des beaux-arts de Lyon avec un diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) en 2011 et termine actuellement un doctorat et études et pratiques des arts à l’université du Québec à Montréal.

Ce type d’admission (en équivalence) laisse la place à des parcours un peu plus atypiques. L’entrée dans ces écoles, comme la poursuite des études ensuite, est basée sur une compétition très forte, l’argument principal étant que les milieux professionnels dans ces disciplines le sont également. Cela produit surtout des étudiants qui performent dans le milieu scolaire, ne voient pas plus loin que le diplôme et se retrouvent ensuite sans métier et sans ancrage professionnel.»