Bob Dylan, le 6 février 2015 à Los Angeles. | VINCE BUCCI/AP

Samedi 1er et dimanche 2 avril, c’est dans la salle de concerts du Stockholm Waterfront Congress Center, dans le centre-ville de la capitale suédoise, que Bob Dylan devait débuter la partie européenne de sa tournée printanière, prévue jusqu’au 11 mai à Dublin – avec deux haltes parisiennes, le 20 avril au Zénith et le 21 à La Seine musicale. Pas très loin, deux kilomètres à pied environ, des bureaux de l’Académie suédoise qui avait décerné, le 13 octobre 2016, le Prix Nobel de littérature au musicien américain. Lequel avait mis du temps à réagir et était absent, le 10 décembre 2016, lors du banquet qui accompagne la remise des distinctions, mais avait fait transmettre ses remerciements par un texte lu par l’ambassadrice américaine en Suède.

Mais cette fois, puisqu’il est à Stockholm, Bob Dylan s’est décidé à aller à la rencontre des membres de l’Académie suédoise pour recevoir la médaille et le diplôme de son prix. Avant ou après l’un de ses deux concerts, ce n’était pas précisé dans l’annonce de cette visite, faite le 29 mars par Sara Danius, secrétaire perpétuelle de l’institution : « Cela se fera en petit comité et dans l’intimité, et aucun média ne sera présent ; seuls Bob Dylan et des académiciens seront présents, conformément aux souhaits de Dylan. » Restera au chanteur, en conclusion de ce feuilleton, à prononcer le discours de réception de son prix, ou d’en envoyer un enregistrement, sans lequel la récompense de huit millions de couronnes suédoise (837 000 euros) ne pourra lui être remise. Et cela avant le 10 juin.

Trente chansons

Autre feuilleton, musical celui-là, la suite de l’exploration par Dylan des grandes chansons du répertoire des années 1920 à la fin des années 1950, avant l’arrivée du rock’n’roll. Ses auteurs et compositeurs : Oscar Hammerstein, Richard Rodgers, Harold Arlen, Jimmy Van Heusen, Johnny Burke, Irving Berlin, Johnny Mercer, Jerome Kern… Ses interprètes, auxquels Dylan rend hommage : Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Frank Sinatra, Bing Crosby ou Nat King Cole. En février 2015 un premier album, Shadows in The Night, paraissait. Tempo lent, ambiance country-jazzy. Surprise pour les fans et la critique, qui se rappelèrent toutefois que Dylan avait déjà joué les crooners notamment avec Blue Moon, dans l’album Self Portrait (1970).

Plutôt réussi dans sa concision formelle, la voix rauque et atone de Dylan se mettant respectueusement dans les pas d’interprètes autrement plus justes et fluides, Shadows in The Night aurait pu se suffire à lui-même. Mais, en mai 2016, nouvelle étape avec Fallen Angels. De sympathique, le propos commençait à sentir la redite. Et ce vendredi 31 mars, voici Triplicate, troisième étape, sous la forme d’un triple album. Passons sur l’argument marketing, « son premier triple album », d’autant qu’un rapide décompte du minutage permet de constater que les trente chansons auraient pu aisément tenir sur un double. Dylan est encore accompagné par son groupe actuel à trois guitares et une section rythmique, un ensemble de vents, dont les musiciens ne sont pas mentionnés sur le livret, pas plus que celui des auteurs et compositeurs. Un sur-place, qui avait déjà suscité un bâillement poli en 2016.

Triplicate, de Bob Dylan, 1 triple CD Columbia/Sony Music.