Philippe Galli en octobre 2015, quand il était préfet de Seine-Saint-Denis. | THOMAS SAMSON / AFP

Philippe Galli, nommé le 18 septembre par le gouvernement comme directeur de l’administration pénitentiaire a demandé à quitter son poste sur fond de désaccord profond avec le cabinet du ministre de la justice. Dans un courrier adressé vendredi 31 mars à ses plus proches collaborateurs, l’ancien préfet explique que « les conditions de confiance et de respect [ne sont] plus réunies », a-t-on appris de bonne source. Il a demandé au garde des sceaux, Jean-Jacques Urvoas, de mettre fin à son détachement de la préfectorale, nous confirme l’entourage de M. Galli. Le ministre a accepté cette démission qui sonne comme un désaveu, à quelques heures de la remise, mardi 4 avril, du livre blanc sur la pénitentiaire.

« Doublé » par le cabinet du ministre

Le cabinet de Jean-Jacques Urvoas n’a pas souhaité répondre à nos questions, ni même confirmer l’information.

Philippe Galli, âgé de 60 ans, était préfet de la Seine-Saint-Denis depuis trois ans au moment où il a rejoint cette administration forte de 38 000 agents qu’il ne connaissait pas. Premier poste budgétaire du ministère de la justice, les prisons sont sous forte pression en raison notamment d’un nombre record de détenus (69 430 au 1er mars).

Affichant sa volonté de prendre quelques semaines pour bien comprendre la pénitentiaire avant d’y imposer sa direction, M. Galli s’est fait, selon nos informations, « doublé » à plusieurs reprises par le cabinet du ministre, et notamment son conseiller spécial Floran Vadillo.

Photo prise en décembre 2016 à la prison des Baumettes, à Marseille. 69 430 prisonniers s’y entassaient au 1er mars. | BERTRAND LANGLOIS / AFP

Dernier événement en date, le mouvement social aux Baumettes, où les syndicats réclament davantage d’effectifs à quelques semaines de l’ouverture de la nouvelle maison d’arrêt de Marseille, Baumettes 2. Après un rendez-vous avec le cabinet du ministre, qui n’aurait pas été préparé avec M. Galli, les syndicats ont obtenu vingt postes et le report de cinq semaines de l’ouverture des baumettes 2.

Cette démission, et les mots très durs qui la justifient, intervient alors que les maisons d’arrêt d’Ile-de-France sont saturées. La directrice de Villepinte a ainsi annoncé le 29 mars qu’elle n’était plus en mesure d’accueillir un seul détenu de plus. Surtout, Jean-Jacques Urvoas, qui avait jusqu’ici été considéré comme un ministre ayant bien géré les urgences de sa mission, se trouve indirectement mis en cause. Le gouvernement se serait bien passé d’un tel clash à trois semaines de l’élection présidentielle.