Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté mardi 4 avril un projet de résolution au Conseil de sécurité. Le texte condamne l’attaque chimique de Khan Cheikhoun en Syrie et appelle à une enquête complète et rapide.

Cent personnes, dont des enfants, ont été tuées. 400 autres ont été asphyxiées dans la petite ville de la province d’Idleb, au nord-ouest de la Syrie, en zone rebelle, selon l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). Ce bilan a été confirmé par la direction médicale de la province d’Idlib.

Le texte de la résolution, obtenu par l’Agence France-presse (AFP), appelle l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à présenter rapidement ses conclusions sur l’attaque. Le projet demande également à la Syrie de fournir les plans de vol et toute information sur des opérations militaires au moment de l’attaque.

Damas devrait également donner les noms de tous les commandants d’escadron d’hélicoptères et ouvrir aux enquêteurs les bases militaires d’où aurait pu être lancée l’attaque. Enfin, le texte menace d’imposer des sanctions en vertu du chapitre 7 de la charte des Nations unies.

Moscou et Pékin avaient mis leur veto en février à une résolution du Conseil de sécurité qui aurait imposé des sanctions à Damas, déjà accusée d’avoir perpétré une attaque à l’arme chimique sur des villages syriens en 2014 et 2015.

« Crime de guerre »

« Il s’agit manifestement d’un crime de guerre », a déclaré mardi l’ambassadeur britannique à l’ONU, Matthew Rycroft, devant des journalistes au siège des Nations unies. « J’en appelle aux membres du Conseil de sécurité qui ont par le passé utilisé leur veto pour défendre l’indéfendable afin qu’ils changent de cap », a-t-il ajouté.

Le porte-parole de l’ONU, Stephane Dujarric, a pour sa part qualifié les informations sur le bombardement « d’extrêmement inquiétantes et choquantes »« Tout usage d’armes chimiques, où que ce soit, représente une véritable menace pour la paix internationale et la sécurité, ainsi qu’une sérieuse violation du droit international », a-t-il souligné.

Les auteurs du raid aérien, qui a eu lieu vers 7 heures mardi matin, n’ont pas encore été identifiés, mais une composante de l’opposition a d’ores et déjà accusé le régime de Damas. Une vidéo tournée par des activistes montre un seul appareil qui a survolé la ville et largué plusieurs projectiles avant que des colonnes de fumée s’élèvent.

Syrie : premières images suite à la possible attaque au gaz chimique dans le nord-ouest du pays
Durée : 00:58

« Nous avons porté assistance à plus de 200 personnes en situation de détresse respiratoire à des degrés divers. Il faut dans ces cas intervenir le plus rapidement possible, ce qui a été compliqué à cause de la panique dans les rues, et décontaminer les victimes avec de l’eau, les ventiler, nettoyer les vêtements… Malheureusement, les premiers secours n’étaient pas assez équipés », a précisé au Monde Radi Saad, un membre de la défense civile. La première équipe appelée sur place après le raid ignorait en effet qu’il s’agissait d’une attaque chimique. Les secouristes comptent dans leurs propres rangs deux blessés, dont un grave, du fait de leur exposition aux gaz.

Plus tard dans la matinée, le centre local de la défense civile, qui servait de morgue improvisée, a été complètement détruit par une frappe aérienne, obligeant à dégager à nouveau des décombres les corps des victimes de la première frappe. L’hôpital Al-Rahma de Khan Cheikhoun, le seul en fonction dans cette ville, a également été ciblé, un missile s’abattant à une vingtaine de mètres de l’édifice. L’équipe médicale a décidé d’évacuer les blessés vers d’autres villes.