Des heurts ont éclaté jeudi 6 avril à Caracas, capitale du Venezuela, entre opposants au président socialiste, Nicolas Maduro, et policiers. | CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS

Des heurts ont éclaté jeudi 6 avril à Caracas, capitale du Venezuela, entre opposants au président socialiste, Nicolas Maduro, et policiers. Ces échauffourées surviennent dans un climat de forte tension, alors que des milliers de partisans du dirigeant défilaient, eux aussi, dans la ville, aux abords du Parlement, dénonçant l’ingérence étrangère dans la crise que traverse le Venezuela.

Environ 5 000 antichavistes (du nom de l’ancien président Hugo Chavez, 1999-2013), rassemblés sur l’autoroute principale de Caracas, tentaient en début d’après-midi de se diriger vers le centre de la capitale.

A El Recreo, un quartier de l’est de Caracas, les forces de l’ordre lançaient des gaz lacrymogènes et utilisaient des canons à eau pour disperser les manifestants, dont beaucoup avaient le visage masqué et répliquaient avec des pierres. « Nous voulons virer Maduro, nous sommes lassés de cette dictature, nous n’avons pas peur », a confié Yoleidy Rodriguez, étudiante de 22 ans.

Maduro s’accroche au pouvoir

Très impopulaire en raison de la crise économique et soumis à une importante pression internationale, le chef de l’Etat de 54 ans refuse d’organiser des élections anticipées, comme l’exige l’opposition, et entend rester au pouvoir jusqu’au prochain scrutin, prévu en décembre 2018.

« Nous allons affronter l’impérialisme, les groupes économiques qui veulent renverser le gouvernement révolutionnaire », a déclaré Vismar Cifuentes, fonctionnaire venu défiler pour défendre le président.

Une forte présence policière était visible dans la capitale, où seize stations de métro étaient fermées, tandis que les forces de l’ordre avaient dressé des barrages au niveau des accès à la ville.

Crise politique

Le pays sud-américain, qui s’est effondré économiquement avec la chute des cours du pétrole, sa principale richesse, est déchiré par une profonde crise politique depuis la victoire de l’opposition de centre droit aux législatives de la fin de 2015.

La situation s’est enflammée ces derniers jours, quand la Cour suprême, réputée proche du président Maduro, s’est brièvement arrogée les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé international qui l’a poussée à faire machine arrière quarante-huit heures plus tard. L’opposition, réunie dans une vaste coalition, la MUD (Mesa de la Unidad Democrática − « Table pour l’unité démocratique »), crie à la tentative de coup d’Etat et veut faire pression en mobilisant la population, étranglée par la crise économique.

« Je suis fatiguée, je ne trouve pas de médicaments et je souffre de la tension. Ma nièce de 32 ans est morte parce qu’elle n’a pas trouvé d’insuline. Nous n’en pouvons plus », a assuré à l’Agence France-Presse Marlene Lujano, pâtissière de 57 ans portant une pancarte « Non à la dictature ».

Manifestations réprimées dans la violence

Dans ce pays, l’un des plus violents au monde et où, en 2014, de vastes manifestations avaient fait officiellement 43 morts, l’impasse politique fait craindre que la situation dégénère dans la rue. Le Venezuela a connu trois tentatives de coup d’Etat depuis 1992.

Mardi, un manifestant antichaviste a reçu une balle dans la jambe à Caracas, sans que l’origine du tir ait été déterminée, et les heurts avec la police ont fait une cinquantaine de blessés, selon l’opposition.