Le gouvernement américain a tenté, le 14 mars, de démasquer le tenancier d’un compte Twitter anonyme critique de l’administration de Donald Trump. Le 6 avril, réseau social a porté plainte en retour contre le gouvernement, estimant que cette demande était contraire au premier amendement de la Constitution américaine qui protège la liberté d’expression.

Après l’élection de Donald Trump, le gouvernement a infléchi la stratégie et la communication de plusieurs ministères et administrations. En réponse, de nombreux comptes Twitter aux couleurs de ces derniers ont été créés : protégés par l’anonymat, pour certains tenus par des salariés de ces administrations, ces comptes ont diffusé et diffusent encore des critiques de la politique du nouveau gouvernement. C’est le cas de @ALT_USCIS, qui prône la « résistance » à la politique des douanes américaines, qui dépendent du département (ministère) de la sécurité intérieure.

Le réseau social a reçu en mars de cette administration l’ordre de fournir de nombreuses informations concernant ce compte, notamment l’adresse e-mail associée ou l’adresse IP utilisée pour s’y connecter. Twitter a refusé, expliquant que seul un juge pouvait les forcer à produire de telles données, puis a porté plainte. « La liberté d’expression accordée aux utilisateurs de Twitter et à Twitter lui-même par le premier amendement inclut le droit de diffuser des propos politiques de manière anonyme ou pseudonyme », a expliqué Twitter dans sa plainte.

« Le gouvernement n’a fourni aucune raison à l’appui de sa demande », a estimé Esha Bhandari, avocate pour l’American Civil Liberties Union, au site The Intercept. Son association défend l’utilisateur derrière ce compte, et va porter plainte « prochainement » pour défendre ses droits.

« Le département de la sécurité intérieur semble avoir abusé de ses pouvoirs. Une enquête doit être menée pour savoir qui a dirigé cette chasse aux sorcières », a réagi Ron Wyden, sénateur (Oregon, démocrate) en pointe dans les questions de vie privée auprès de The Intercept.

Twitter affronte régulièrement le gouvernement américain au sujet des données de ses utilisateurs. A la fin de 2010, le gouvernement avait exigé du réseau social qu’il fournisse des informations sur certains utilisateurs proches de WikiLeaks, qui venait de publier des documents confidentiels de l’armée américaine, et le réseau social avait obtenu devant la justice le droit d’avertir les utilisateurs concernés ; une démarche à l’époque rare de la part d’une entreprise du Web.