L’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Nikki Haley, lors du Conseil de sécurité, mercredi 5 avril. | Bebeto Matthews / AP

Au lendemain des frappes américaines en Syrie, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, a maintenu la pression sur le régime syrien et son allié russe. « Les Etats-Unis ont pris une décision très mesurée la nuit dernière. Nous sommes prêts à en faire plus, mais nous espérons que cela ne sera pas nécessaire. Il est temps pour toutes les nations civilisées de stopper les horreurs en Syrie et d’exiger une solution politique », a-t-elle lancé vendredi 7 avril, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU se réunissait en urgence à la demande de la Russie et de la Bolivie.

Mme Haley a insisté sur le fait que les frappes américaines ayant eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi étaient « justifiées » par « les nombreuses violations des résolutions de l’ONU », sans offrir plus de détails sur la légalité d’une telle intervention. Comme le président Donald Trump, elle a semblé profondément marquée par les images du bombardement à l’arme chimique, imputé au régime syrien, de Khan Cheikhoun, « qui choquent la conscience de l’humanité ». Elle a assuré que « les Etats-Unis n’attendront plus qu’Assad utilise des armes chimiques sans conséquences, ces jours sont révolus ».

L’ambassadrice américaine a reçu le soutien de la majorité des diplomates occidentaux. Seul le Suédois Olof Skoog s’est interrogé sur la « compatibilité avec le droit international ». Légalement, toute intervention militaire dans un pays étranger sans consentement de celui-ci doit faire l’objet d’une résolution sous chapitre VII du Conseil de sécurité, ou invoquer la légitime défense prévue par l’article 51 de la Charte des Nations unies.

La Chine modérée

Le représentant français, François Delattre, a estimé pour sa part que le raid américain était « une réponse légitime (…) en même temps qu’un message important pour l’avenir, marquant que l’usage de telles armes ne saurait être accepté ». L’attaque de Khan Cheikhoun a fait « tomber les masques », a-t-il dit, en montrant qu’« Assad n’a jamais renoncé à l’usage d’armes chimiques, ni dévié de son objectif ultime : l’anéantissement pur et simple de tous ceux qui lui résistent, quel qu’en soit le prix. Il était devenu impératif de réagir et de l’en dissuader ».

Irrité par les argumentaires occidentaux, le représentant adjoint de la Russie à l’ONU, Vladimir Safronkov, a « condamné très fermement les actions illégitimes des Etats-Unis », qui ont « attaqué le territoire souverain de la Syrie » dans un acte qu’il qualifie « d’agression ». Faisant allusion à l’invasion militaire de l’Irak en 2003 et à l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, il a averti des conséquences « extrêmement sérieuses pour la stabilité régionale et internationale ». « Réfléchissez aux conséquences de vos actes! Souvenez-vous de ce que vous avez commis au Moyen-Orient », a-t-il prévenu.

La Chine, qui avait suivi la Russie sur six des sept veto sur la Syrie, s’est montrée très modérée en ne condamnant pas l’initiative américaine, pourtant contraire à la logique non interventionniste de Pékin. Sans doute contraint par la visite officielle de son président, Xi Jinping, chez Donald Trump, en Floride, l’ambassadeur chinois Liu Jieyi s’est contenté de rappeler « que la voie militaire n’était pas une solution. Sauf à aggraver la situation ».