Le marché du cycle a mis un tigre dans son moteur. Un tigre électrique. En 2016, il s’est vendu plus de trois millions de vélos, 3,034 millions très exactement, dont un bon quart est produit en France, selon les données de l’Union sport & cycle publiées vendredi 7 avril.

« Nous avions déjà connu ce niveau en 2010, remarque Jérôme Valentin, le directeur général de Cycleurope (Peugeot Cycles, Gitane, Bianchi...) et coprésident de l’Union sport & cycle. En revanche, pour la première fois de notre histoire, le chiffre d’affaires du secteur a dépassé le seuil du milliard d’euros pour la seule vente de vélos. C’est une croissance de 6,4 % ! »

Si l’on ajoute les ventes de pièces, de composants et d’accessoires, le secteur affiche un chiffre d’affaires de 1,795 milliard d’euros. Ce n’est pas une surprise, car le marché est porté par l’émergence des vélos à assistance électrique (VAE). En 2016, il s’en est écoulé 134 000, soit 33 % de plus qu’en 2015.

« Croissance phénoménale »

« C’est une croissance phénoménale, bien plus forte que celle du VTT dans les années 1990, juge Denis Briscadieu, le patron de Cyclelab et vice-président de la Commission cycles créée par les organisations professionnelles. A l’époque, le VTT avait complètement relancé le secteur. Désormais, c’est le VAE qui régénère le marché. »

« En 2007, il se vendait moins de 10 000 VAE, se rappelle Laurent Chauvin, du réseau de magasins Altermove. Ces vélos sont en train de se démocratiser, car nos clients ne veulent plus arriver en sueur à leur travail et veulent gagner du temps. Et puis, c’est moins cher qu’un scooter tout en étant beaucoup moins encombrant. »

Depuis le début de l’année 2017, avec la création d’une prime d’Etat, qui peut aller jusqu’à 200 euros par VAE, les ventes s’envolent. En mars, Ségolène Royal, la ministre de l’écologie, a annoncé que 15 000 vélos électriques avaient été achetés grâce à cette aide. « Il y a incontestablement un effet prime », confirme-t-on chez Wayscral, le numéro un du secteur, avec 10 à 15 % du marché des vélos d’entrée de gamme vendus entre 380 et 1 800 euros… Chez les détaillants ou les enseignes multisports comme Go Sport, les prix peuvent monter jusqu’à… 10 000 euros.

« Cela explique largement la progression du prix moyen des cycles vendus, reprend Jérôme Valentin. L’an dernier, celui-ci atteignait 337 euros, contre 306 euros deux ans plus tôt. » Grâce aux primes, que de nombreuses villes ont déjà mises en place, et à la fermeture de certaines zones aux voitures, le VAE devrait connaître un bel avenir.

« Allemagne ou Belgique, des marchés un peu plus matures »

« Il suffit de regarder des marchés un peu plus matures comme l’Allemagne ou la Belgique, détaille M. Valentin. Dans ce dernier pays, 45 % des vélos vendus sont électriques. En Allemagne, c’est 15 %, alors que la France en compte 5 %. »

La dynamique du VAE n’est pas cantonnée aux seules zones urbaines. « Le segment le plus dynamique en 2016, c’était celui des VTT à assistance électrique avec une croissance de 72 %, contre 33 % pour les vélos à assistance électrique de ville », indique Denis Briscadieu. Les loueurs des stations de montagne ont adopté le VTT AE, qui permet à de nombreux touristes seniors de se lancer à l’assaut des sommets alpins ou pyrénéens.

« On sent déjà, ajoute le professionnel, un frémissement sur les vélos de course, qui vont également passer à l’électrique », alors qu’aux Etats-Unis, le premier BMX électrique a vu le jour en 2016. Dans ce nouvel eldorado, les acteurs sont nombreux à vouloir se faire une place au soleil. « A Paris, pas moins de 80 acteurs proposent du VAE, souligne-t-on chez Altermove. Il est important de se différencier avec une expertise pointue du sujet. »