Des partisans du « oui » au référendum constitutionnel voulu par le président turc, le 8 avril à Istanbul lors d’un meeting de M. Erdogan. | MURAD SEZER / REUTERS

Des dizaines de milliers de personnes étaient réunies samedi 8 avril à Istanbul pour un meeting du président turc Recep Tayyip Erdogan qui n’a plus qu’une semaine pour convaincre les électeurs de voter « oui » au référendum sur l’extension de ses pouvoirs.

« Le 16 avril, voulez-vous dire “oui” à une Turquie forte? », a demandé M. Erdogan à la foule, qui lui a répondu d’un « Oui ! » tonitruant. « Voulez-vous une grande Turquie ? Voulez-vous dire “oui” à la stabilité ? Seras-tu au rendez-vous Istanbul ? », a-t-il poursuivi.

Les Turcs sont appelés à voter le 16 avril sur une réforme constitutionnelle controversée qui renforcerait considérablement les pouvoirs du président turc. Les analystes prévoient un résultat serré, malgré une nette domination de la campagne du « oui » dans les médias.

Erdogan vise les partisans de Fethullah Gülen et du PKK

M. Erdogan s’exprimait samedi sur une scène immense installée sur l’esplanade de Yenikapi, au bord de la mer de Marmara, à laquelle il a accédé par hélicoptère, sous les hourras de la foule. C’est ici qu’il avait prononcé un discours sur la solidarité nationale devant des centaines de milliers de personnes le 7 août, peu après le putsch manqué de la mi-juillet, imputé par Ankara au prédicateur islamiste Fethullah Gülen, qui dément ces accusations.

En revenant sur place, les autorités espéraient clairement jouer sur l’émotion de ce précédent meeting. Reprenant un argument-clé de sa campagne pour le référendum, M. Erdogan a d’ailleurs martelé que ceux qui souhaitent une victoire du « non » le 16 avril sont les partisans de Fethullah Gülen ainsi que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé organisation « terroriste » par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 8 avril à Istanbul. | MURAD SEZER / REUTERS

Si elle est adoptée, la réforme constitutionnelle conduira à la suppression du poste de premier ministre et autorisera notamment le président à nommer et révoquer les ministres et à intervenir directement dans le domaine judiciaire. Selon les dirigeants turcs, la révision constitutionnelle – qui pourrait permettre à M. Erdogan de rester au pouvoir jusqu’en 2029 – est nécessaire pour doter la Turquie d’un exécutif fort, capable d’affronter les défis économiques et sécuritaires.

L’opposition estime pour sa part que cette réforme accorderait trop de pouvoirs au président, déjà accusé de dérive autoritaire. Mais la campagne du « non » manque d’une figure de proue claire et dispose de moyens bien plus limités. Ses partisans espèrent toutefois recueillir nombre de voix parmi les laïcs, les Kurdes et certains nationalistes. Samedi, certains partis d’opposition ont ainsi tenu des meetings, comme le parti prokurde HDP à Istanbul ou le parti social démocrate CHP à Trabzon, dans le nord-est du pays.

Comprendre le déclin de la démocratie en Turquie en cinq minutes
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