François Fillon en meeting porte de Versailles, à Paris, le 9 avril 2017. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Une foule dense, qui agite des drapeaux bleu-blanc-rouge et s’époumone aux cris de « Fillon président ! » et « On va gagner ! ». François Fillon a réalisé une démonstration de force dimanche 9 avril, en réunissant plus de 20 000 personnes lors d’un grand meeting à Paris, porte de Versailles.

A quinze jours du premier tour, le candidat de droite a tenté de mobiliser ses troupes, afin de susciter une dynamique susceptible de le hisser dans le duo de tête. « C’est maintenant que tout se joue (…). Cette bataille, nous allons la gagner ! », a-t-il lancé à ses partisans, en promettant de « tout donner ». De quoi donner un second souffle à une campagne parasitée par les affaires et les révélations sur son train de vie ?

La situation de l’ancien favori de la présidentielle reste compliquée : il est donné systématiquement éliminé au premier tour dans les sondages. Même si les écarts se resserrent, Marine Le Pen et Emmanuel Macron le devancent toujours et Jean-Luc Mélenchon fait quasi jeu égal – voire le dépasse dans une étude Sofres pour Le Figaro, publiée lundi. Mais M. Fillon veut y croire, estimant être sous-évalué par « les prétendus faiseurs d’opinion ».

A la tribune, il ne s’est pas dit victime d’un complot, comme il l’a affirmé ces dernières semaines. Cette fois, il a usé d’un autre argumentaire : « Je ne vous demande pas de m’aimer, je vous demande de me soutenir, parce qu’il y va de l’intérêt de la France. » Comprendre : même si je vous ai déçu avec mes affaires, votez pour l’alternance et mon projet. Oubliez votre déception et faites appel à votre esprit de responsabilité.

Un message destiné à séduire les électeurs de droite indécis ou les abstentionnistes. M. Fillon a tenté de les charmer en mettant en avant son projet, présenté comme « le meilleur pour la France », avec ses deux piliers : des mesures libérales sur le plan économique et fermes sur le régalien.

Adepte du « marketing du vide »

Mais il a surtout ciblé Emmanuel Macron, le rival qu’il juge comme le plus « prenable ». Tout au long de l’après-midi, ce fut un vrai feu d’artifice sur l’ex-ministre de l’économie, brocardé par M. Fillon, l’« imposteur », adepte du « marketing du vide » et « jeune héritier » du hollandisme. Le candidat de droite a certes envoyé quelques piques à Marine Le Pen – « prête à sacrifier notre pays avec sa folle aventure » – et à Jean-Luc Mélenchon – « capitaine du cuirassé Potemkine, mais qui négociera la ferraille du Titanic » –, mais ses charges les plus lourdes ont concerné M. Macron.

Idem pour ses soutiens, qui se sont déchaînés sur lui, en donnant l’impression de s’être lancés dans le concours de la formule la plus percutante. « Macron est comme le Trissotin de Molière, longtemps après qu’il eut parlé, on se demande ce qu’il a dit… », a lancé Bruno Retailleau, suivi par Luc Chatel, Valérie Pécresse ou Eric Ciotti. Mais c’est sans conteste François Baroin qui a eu la dent la plus dure, voyant chez lui « la duplicité et le renoncement, l’hésitation et l’imprécision, l’impréparation et l’improvisation ».

Seule Nathalie Kosciusko-Morizet a attaqué le FN en priorité, en fustigeant « un parti xénophobe et démagogue. » M. Fillon a eu beau sonner la mobilisation des troupes, trois personnalités de premier plan manquaient à l’appel : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et Bruno Le Maire. Certes, ils ont tous trois réaffirmé leur soutien au vainqueur de la primaire, ces derniers jours. Mais leur absence ne permet pas de renvoyer l’image d’une droite totalement rassemblée autour de son candidat.