Alexeï Navalny, à gauche, le 10 avril 2017. | HO / AFP

L’opposant russe Alexeï Navalny a été libéré lundi 10 avril après avoir passé quinze jours en détention pour l’organisation d’une vaste manifestation anticorruption à la fin de mars dans les rues de Moscou, interdite par les autorités. « Salut tout le monde », a écrit M. Navalny sur Twitter en commentaire d’une photographie le montrant aux côtés de ses partisans dans les locaux de son Fonds de lutte contre la corruption (FBK), peu après sa libération.

Si elle a bien eu lieu à l’heure prévue, la libération du blogueur anticorruption s’est déroulée loin des caméras depuis un centre de détention du sud de Moscou, où il avait été transféré à la dernière minute sans avertissement.

L’opposant de 40 ans a expliqué sur son site Internet avoir été libéré « sans argent, sans clés et sans téléphone » et que le directeur du centre de détention l’avait accompagné jusqu’au métro pour lui acheter un ticket. Pour son directeur de campagne, Leonid Volkov, cette sortie en catimini révèle « la peur panique » du pouvoir face à Alexeï Navalny.

Les journalistes et quelques-uns de ses partisans l’attendaient quant à eux à la sortie du centre de détention où l’opposant avait purgé sa peine jusqu’à son transfèrement, situé, lui, au nord de la capitale russe. L’un de ses partisans, Alexandre, 21 ans, a expliqué à l’Agence France-Presse être venu assister à sa libération pour « montrer au pouvoir que les gens ne vont plus rester chez eux et vont agir pour lutter contre la corruption ».

L’Union européenne et les Etats-Unis appelaient à sa libération

M. Navalny et plus de 1 000 autres personnes avaient été interpellées le 26 mars en marge de rassemblements anticorruption d’une ampleur inédite depuis plusieurs années et mobilisant un grand nombre de jeunes. Ces manifestations, organisées à travers le pays, suivaient la publication par l’opposant d’un rapport accusant le premier ministre, Dmitri Medvedev, de se trouver à la tête d’un empire immobilier financé par des oligarques.

Alexeï Navalny avait été reconnu coupable d’organisation d’une manifestation non autorisée et de refus d’obtempérer aux policiers lors de son arrestation, et condamné à une amende et à quinze jours de détention.

L’Union européenne et les Etats-Unis avaient appelé à sa libération et à celle des autres personnes arrêtées. Plusieurs membres du FBK de M. Navalny ont également été condamnés à la fin de mars à de courtes périodes de détention ou à des amendes pour refus d’obtempérer avec les policiers lors de leur arrestation.

Après avoir gardé le silence sur le sujet, M. Medvedev a rejeté la semaine dernière les accusations formulées dans le film de l’organisation de l’opposant, vu plus de 18 millions de fois sur YouTube. Selon lui, il vise à « mettre les gens dans la rue et atteindre des objectifs politiques » de M. Navalny, qu’il n’a pas nommés.

Le blogueur compte défier Vladimir Poutine lors de l’élection présidentielle de début 2018, mais sa candidature risque de se voir entravée par sa récente condamnation à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds.

Prison pour l’opposant russe Alexeï Navalny
Durée : 00:50