Le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis ont présenté, mardi 11 avril, au Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU), un nouveau projet de résolution demandant une enquête sur l’attaque chimique en Syrie imputée au régime, malgré l’échec de négociations la semaine dernière.

De leur côté, les Etats-Unis enquêtent sur une éventuelle complicité de la Russie dans l’attaque, a fait savoir un haut responsable américain.

  • Une nouvelle résolution à l’ONU

Le projet de résolution présenté par le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis exige « une coopération complète dans l’enquête » sur l’attaque qui a eu lieu dans la localité de Khan Cheikhoun (nord-ouest), en zone rebelle et djihadiste, a indiqué l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft sur Twitter.

« Nous ne pouvons pas abandonner et nous devons essayer, de bonne foi, le mieux possible, d’avoir un texte condamnant l’attaque, et demandant une enquête approfondie », a déclaré le représentant permanent de la France à l’ONU, François Delattre, aux journalistes.

Le Conseil de sécurité avait examiné la semaine dernière trois projets de résolution sans jamais passer au vote, en réponse à l’attaque chimique imputée au régime du président syrien Bachar Al-Assad. Mais cette résolution s’était heurtée à la menace de veto de la Russie.

Le Conseil de sécurité débattait encore de la réponse à donner quand les Etats-Unis ont ordonné, le 6 avril, une frappe de missiles Tomahawk sur une base aérienne de l’armée syrienne, à partir de laquelle l’attaque chimique aurait été lancée selon l’administration américaine. Les Occidentaux ont accusé les forces du président Bachar Al-Assad d’avoir mené cette attaque, le 4 avril, qui a fait au moins 87 morts, dont 31 enfants.

« Il est très important qu’il y ait une enquête complète afin que tout le monde sache, que le monde entier sache, comment ces horribles attaques chimiques se sont produites et d’où elles viennent », a ajouté François Delattre.

  • Washington enquête sur une éventuelle complicité de Moscou

De leur côté, les Etats-Unis cherchent à savoir si la Russie a été complice de l’attaque chimique en Syrie. « Comment est-ce possible que leurs forces [russes], se trouvant dans la même base que les forces syriennes qui ont préparé, planifié et mené cette attaque (...), ne l’aient pas su à l’avance ? » s’est demandé ce responsable qui a requis l’anonymat.

« Nous pensons que c’est une question que nous devons poser aux Russes », a-t-il alors que le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, se trouve à Moscou pour discuter de cette attaque et de la frappe punitive des Etats-Unis qui a suivi.

« Nous avons vu ces armées [russe et syriennte] intervenir de manière très étroite, à un niveau quasi opérationnel », a-t-il souligné. Il n’y a toutefois « pas de consensus » sur « la manière d’interpréter les informations que nous avons et que nous continuons à recueillir », a ajouté ce responsable.

Un autre haut responsable de l’administration américaine a accusé Moscou de « semer la confusion dans le monde » sur le rôle du régime syrien dans cette attaque chimique. Moscou tente systématiquement, selon lui, de nier la responsabilité du régime Assad dans cette attaque pour tenter de mettre en cause les rebelles ou les djihadistes de l’organisation Etat Islamique (EI). Les services américains de renseignement ne pensent pas que l’EI possède du gaz sarin, un puissant agent neurotoxique.

Syrie : pourquoi les armes chimiques choquent-elles plus que les autres ?
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