Sean Spicer. | Andrew Harnik / AP

L’approximation est un péril redoutable pour un porte-parole. Sean Spicer, qui s’exprime au nom de Donald Trump, s’est retrouvé piégé à plusieurs reprises par ses propres imprécisions depuis le début de la semaine. Il a tout d’abord tracé, lundi 10 avril, de son propre chef, une nouvelle ligne rouge pour le régime de Bachar Al-Assad. « Si vous gazez un bébé ou lâchez un baril d’explosif sur une personne innocente, vous verrez une réaction de la part de ce président », Donald Trump, a assuré l’ancien apparatchik du Parti républicain.

Ce genre de bombardement par hélicoptère a causé des ravages en Syrie, notamment à Alep, mais les Etats-Unis ne l’ont jamais assimilé à une arme non conventionnelle, et la Maison Blanche a désavoué M. Spicer en fin de journée en assurant que rien n’avait changé sur ce point.

La Syrie a porté la poisse une nouvelle fois au porte-parole mardi, lorsqu’il s’est lancé dans une comparaison périlleuse entre Adolf Hitler et Bachar Al-Assad. « Pendant la seconde guerre mondiale, on n’a pas utilisé d’armes chimiques. Une personne aussi abjecte que Hitler n’est même pas tombé aussi bas que d’utiliser des armes chimiques », a déclaré M. Spicer, à la stupéfaction générale. Relancé sur le sujet, le porte-parole a tenté de dissiper le malaise créé par la sous-estimation apparente des millions de morts causés par le nazisme en précisant qu’il avait voulu parler « de la façon dont Assad a utilisé [les armes chimiques], quand il est allé dans les villes et les a lâchées sur des innocents, au milieu des villes ».

Bourde

Conscient des dégâts provoqués par sa bourde, M. Spicer a publié quelques instants plus tard un communiqué dans lequel il dit n’avoir « aucunement tenté de minimiser la nature terrible de l’Holocauste ». « J’ai essayé de créer un contraste avec la tactique consistant à utiliser des avions pour larguer des armes chimiques sur des centres de population. Toute attaque contre des innocents est répréhensible et inexcusable » , a-t-il insisté.

Au cours du même briefing, le porte-parole avait martyrisé une nouvelle fois les faits en qualifiant l’Iran et la Corée du Nord d’Etats faillis, alors qu’ils sont plutôt rangés par leurs adversaires dans la catégorie des Etats voyous. Le principal responsable démocrate de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff (Californie), a réagi sur son compte Twitter à ces approximations en mêlant l’humour et l’accablement : « Je pensais que je ne dirais jamais cela, mais Sean Spicer devrait revenir aux commentaires sur l’importance du public pour les prestations de serment. »

Le 21 janvier, alors que la presse comparait la foule venue la veille pour M. Trump à celle, nettement plus nombreuse, qui avait salué Barack Obama huit ans plus tôt. M. Spicer avait fait irruption dans la salle de presse pour affirmer, contre toute évidence, qu’il n’y avait jamais eu de foule aussi imposante pour un nouveau président, « point barre ». Il avait ensuite prestement quitté la salle de presse sans répondre à la moindre question.