Les ministres des affaires étrangères du G7 sont tous d’accord pour reconnaître qu’aucune solution n’est possible en Syrie tant que le président Bachar Al-Assad sera au pouvoir, a déclaré, mardi 11 avril, à Lucques dans le centre de l’Italie, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.

Les chefs de la diplomatie des pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France et Italie) se sont retrouvés lundi et mardi en Toscane pour faire le point sur la Syrie et afficher leur unité avant la visite à Moscou du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson. « Notre espoir est que Bachar Al-Assad ne fasse pas partie de cet avenir », a d’ailleurs également indiqué M. Tillerson devant quelques journalistes, après avoir insisté sur la nécessité pour le peuple syrien de déterminer son avenir politique.

L’ensemble des participants au G7 ainsi que plusieurs pays arabes (Qatar, Jordanie, Emirats arabes unis, Arabie saoudite) et la Turquie ont insisté pour dire qu’« il n’y a pas d’avenir de la Syrie possible avec Bachar al-Assad », a précisé M. Ayrault lors d’un point de presse. « Maintenant ça suffit (…) il faut sortir de l’hypocrisie et rentrer très clairement dans le processus politique », a-t-il ajouté. Cependant, la proposition britannique de nouvelles sanctions contre la Russie et la Syrie n’a pas été retenue. « Actuellement il n’y a pas de consensus pour d’autres nouvelles sanctions comme instrument efficace », a déclaré le ministre italien Angelino Alfano.

« Nous voulons amener la Russie à soutenir le processus politique en vue d’une résolution pacifique du conflit syrien », a indiqué de son côté le ministre allemand des affaires étrangères Sigmar Gabriel, cité dans un communiqué.

« Un gouvernement stable et pacifique »

Après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun attribuée au régime syrien qui a fait des dizaines de morts, mardi 4 avril, les Etats-Unis ont frappé jeudi une base aérienne syrienne. Les missiles ont été tirés depuis des destroyers (contre-torpilleurs) de la marine américaine dans l’est de la Méditerranée.

L’attaque a été menée avec « 59 missiles », a précisé un responsable de la Maison Blanche, expliquant que les Etats-Unis avaient visé la base aérienne d’Al-Chayrat, qui est « associée au programme » syrien d’armes chimiques.

Il s’agit des premières frappes américaines en Syrie depuis le début du conflit en 2011 et d’un véritable revirement de la part de Donald Trump. Lorsqu’il était candidat, celui-ci avait en effet promis de rompre avec l’interventionnisme américain et avait fait de la lutte contre l’organisation Etat islamique, plus que contre le régime de Bachar Al-Assad, sa priorité en Syrie.

Le 9 avril, Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, avait toutefois déjà déclaré sur CNN : « Si vous regardez ses actions [du régime syrien], si vous voyez la situation, ce sera difficile de voir un gouvernement stable et pacifique avec Assad. » Mais le Kremlin avait aussitôt répliqué par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov : « Le retour aux pseudo-tentatives de résoudre la situation avec des mantras du genre “Assad doit partir” ne peut pas amener à un règlement politique en Syrie. »