Benoît Hamon en meeting à Villeurbanne le 11 avril. | Laurent Cipriani / AP

C’est un duel, à distance, en marge de la campagne. Le candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon, et le patron du Medef, Pierre Gattaz, échangent depuis trois jours des propos peu amènes. Dernière salve ce mercredi dans le journal Les Echos, dans lequel M. Hamon déplore des « attaques » « choquantes, honteuses » de la part du président du Medef, un mouvement selon lui en « décrépitude ».

Tout a commencé dimanche, quand M. Gattaz a éreinté dans Le Parisien le candidat socialiste, qu’il voit « dans un scénario destructeur pour l’économie française ». « Voter Mélenchon, Le Pen, Hamon, c’est ruine, désespoir et désolation, pauvreté généralisée », insiste-t-il.

Réplique shakespirienne de l’intéressé, le lendemain : « M’associer au projet de Marine Le Pen c’est bien la preuve qu’il y a quelque chose de pourri à la tête du Medef. » M. Hamon qui qualifie le propos de M. Gattaz d’« insulte » réclame des « excuses ».

« Si on en est arrivé à faire un signe égal entre le projet de Mme Le Pen et le projet de Benoît Hamon c’est franchement qu’il y a quelque chose qui ne tourne plus rond dans la tête d’un certain nombre de dirigeants de ce pays »

« Apprentis sorciers de l’économie »

Mais cette mise au point ne fait pas changer d’avis Pierre Gattaz. Au cours de sa conférence de presse mensuelle, mardi, il réitère et se dit « inquiet » des « apprentis sorciers de l’économie » que sont à ses yeux Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Benoît Hamon, avec leurs programmes « désastreux ». Le projet économique du candidat socialiste ? « Pas de vision, pas d’ambition, pas d’esprit de conquête et donc repli, rabougrissement, démotivation (…) », résume M. Gattaz, qui a aussi repéré « deux erreurs fondamentales » dans son programme : « partager le travail parce qu’il n’y en a plus » et « taxer les robots ».

En meeting à Villeurbanne le soir même, M. Hamon a qualifié le comportement du patron du Medef d’« indigne » des chefs d’entreprise.

« Faire le lien entre ma candidature, qui conduirait selon lui à la ruine et la désolation, et Marine Le Pen est affligeant », insiste-t-il mercredi dans Les Echos. Le candidat dévoile dans cette interview son plan pour créer un million d’emplois en France, un chiffre que connaît Pierre Gattaz, puisqu’il s’était lui-même engagé sur ce même nombre, en 2014. Il ne s’agit pas pour autant de « toiser » le chef du Medef, assure M. Hamon, mais de proposer un projet « raisonnable » avec « une politique de relance » et « une croissance qui serait plus riche en emplois ».