Malgré l’entrée en vigueur au début de l’année du paquet neutre en France, décrié par les buralistes et les cigarettiers, les ventes de cigarettes ont rebondi au premier trimestre, après une année 2016 en recul. Depuis le 1er janvier 2017, la vente des paquets « classiques » est interdite, après que les premiers paquets neutres sont arrivés chez les buralistes en fin d’année.

Au total, 10,82 milliards de cigarettes ont été livrées aux buralistes dans l’Hexagone entre le 1er janvier et le 31 mars, contre 10,67 milliards à la même période en 2016, soit une hausse de 1,4 % en volume, selon les chiffres de Logista France (groupe Imperial Tobacco), société qui dispose du quasi-monopole de l’approvisionnement des vingt-cinq mille bureaux de tabac français.

« A ce stade, il n’y a aucun indicateur qui montre l’effet du paquet neutre » sur la consommation de cigarettes en France, interprète Eric Sensi-Minautier, directeur de la communication à British American Tobacco (BAT), propriétaire de marques comme Lucky Strike et Dunhill.

De son côté, le professeur Dautzenberg, pneumologue investi dans la lutte contre le tabagisme est catégorique : « Nous n’attendions pas que le paquet neutre fasse baisser les ventes de cigarettes. Nous attendons plutôt un ralentissement de l’initiation des jeunes se retrouvant perdus face au mur de paquets identiques chez leur buraliste. »

Une baisse en 2016

En 2016, les ventes de cigarettes avaient reculé de 1,2 % (après une hausse de 1 % en volume en 2015, la première depuis 2009), en raison de l’impact du marché parallèle (c’est-à-dire les achats à l’étranger ou de contrebande), selon les buralistes et cigarettiers, quand les professionnels de santé assurent que cette baisse, accentuée aux mois de novembre et décembre, est liée à l’arrivée du paquet neutre dans l’Hexagone.

L’Australie fut le premier pays au monde à adopter des paquets neutres, en décembre 2012. En Europe, l’Irlande a voté, en mars 2015, une loi pour imposer les paquets neutres. Le Royaume-Uni et la Hongrie ont suivi en 2016 avec l’introduction progressive de nouveaux emballages. La Norvège et la Nouvelle-Zélande ont également l’intention d’imposer ce type de paquets à brève échéance.

Peu d’effets de la dernière hausse des prix

Pour le Pr Dautzenberg, « il est avant tout nécessaire de jouer sur les taxes, de manière à faire augmenter le prix du paquet de cigarettes. C’est ce que devra entreprendre le prochain président de la République ».

Certains candidats à la présidentielle, tels MM. Macron et Mélenchon, se sont déclarés favorables à un paquet de cigarettes à 10 euros dès 2017. M. Fillon et Mme Le Pen s’y opposent.

La dernière hausse des prix du tabac, en février, a eu peu de répercussions en ce qui concerne les cigarettes. Les prix des paquets de tabac à rouler ont eux subi une plus forte augmentation.

En France, ce sont les fabricants de tabac, et non l’Etat, qui fixent les prix de vente aux consommateurs, même si les taxes diverses en représentent plus de 80 %.

La dernière hausse notable et généralisée des prix du tabac dans l’Hexagone remonte à 2014.